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Le président d’Arianespace Stéphane Israël à Kourou en Guyane le 15 septembre 2016 © AFP Jody Amiet

Le président d’Arianespace, Stéphane Israël, a appelé lundi à une « nouvelle ambition institutionnelle européenne » en matière spatiale, afin de moins dépendre des commandes commerciales et permettre au lanceur européen d’avoir plus de visibilité. 

Il y a eu 61 lancements dans le monde depuis le début de l’année, en très grande majorité des tirs commandés par des organismes gouvernementaux ou militaires. 

Les deux tiers des 19 lancements américains répondaient ainsi à des commandes de la Nasa ou de l’armée, les 16 lancements chinois sont également qualifiés « d’institutionnels », ainsi que 13 des 14 lancements russes, les quatre lancements indiens et le lancement japonais, a-t-il énuméré.

À l’inverse, en Europe, six des sept lancements effectués depuis le début de l’année étaient des lancements commerciaux.

« On a un carnet de commandes aux deux tiers commercial et un tiers institutionnel. Nous sommes le seul lanceur dans le monde à être aussi exposé au marché », a constaté M. Israël devant des journalistes en marge du rendez-vous annuel de la profession, la World Satellite Business Week. 

Il a notamment estimé qu’un « concurrent » qu’il n’a pas nommé – l’Américain SpaceX – bénéficiait d’un carnet de commandes en valeur dédié « jusqu’à 80 % aux institutions américaines ».

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Le lanceur Ariane 5 avec deux satellites de télécommunications prend la route de l’espace depuis Kourou en Guyane 6 août 2019 © AFP/Archives Jody Amiet

Les États européens, à l’issue d’un conseil de l’agence spatiale européenne (Esa), se sont engagés à cinq lancements institutionnels pour les futurs lanceurs Ariane 6 et Vega C.

Mais avec le budget américain dévolu au spatial (civil et militaire) passant de 48 milliards de dollars en 2016 à 60 milliards en 2020, le renouveau pour les missions d’exploration spatiale ou encore la croissance des besoins en connectivité, favorables selon lui à des partenariats public-privé notamment pour couvrir les territoires isolés, « je pense que cela justifie pleinement une nouvelle ambition institutionnelle européenne », a-t-il jugé.

« Commandes groupées »

« J’ai conscience que les crédits ne sont pas infinis », a-t-il précisé, se félicitant du projet de budget de la Commission européenne qui prévoit 16 milliards d’euros pour les activités spatiales sur la période 2021-2027.

Mais il serait selon lui souhaitable que l’Europe contribue davantage aux missions d’exploration spatiale, que cette contribution se fasse en recourant à des lanceurs européens, « singulièrement Ariane 6 », et qu’elle change ses modalités de contractualisation avec de « grosses commandes groupées », gages de visibilité.

« C’est compliqué en Europe, parce que vous avez la Commission européenne, l’Esa, Eudmedsat (exploitation de satellites météo, NDLR) et les États. Là, il y a encore du travail à faire », a considéré Stéphane Israël.

Sur le plan du carnet de commandes, Arianespace totalise 52 lancements : 11 pour Ariane 5 (trois contrats engrangés cette année), 24 pour Soyouz (+2), huit pour Ariane 6 (deux contrats gagnés et un transféré d’Ariane 5) et neuf pour Vega (+3).