Image légendée
Photo composite de la planète Vénus, réalisée avec des images des sondes Magellan et Pioneer Venus Orbiter © Nasa/JPL-Caltech/AFP

Une étude annonçant la découverte d’un gaz peut-être lié à une forme de vie dans l’atmosphère de Vénus est contestée cette semaine par deux études mettant en doute cette découverte, voire niant sa réalité.

L’étude deJane Greaves, de l’université britannique de Cardiff, parue à la mi-septembre, avait fait la une, avec la « présence apparente » de phosphine sur Vénus. Ce gaz, qui n’est pas lié au vivant dans les planètes géantes du Système solaire, provient exclusivement d’une activité microbienne ou humaine sur Terre. L’annonce, qualifiée par le chef de la Nasa Jim Bridenstine « d’évènement le plus important » dans la recherche de vie extra-terrestre, a stimulé la recherche sur le sujet. D’autant plus que l’étude du Pr Greaves rappelait prudemment l’importance de confirmer cette unique détection de la phosphine.

L’équipe coordonnée par Thérèse Encrenaz, astrophysicienne à l’Observatoire de Paris-PSL, l’a prise au mot, en cherchant une « signature » de la molécule dans la gamme infra-rouge. Elle a conclu, dans la revue Astronomy & Astrophysics le 27 octobre, que ses résultats étaient incompatibles avec ceux de l’équipe du Pr Greaves.

Selon Thérèse Encrenaz, « ce que Greaves a vu, en fait, c’est une signature qui, si elle est réelle, s’est formée à une altitude de 80 km, dans la haute mésosphère, bien au-dessus de ce que nous avons observé en haut des nuages ». Or la scientifique de Cardiff supposait que la phosphine détectée trouvait sa source dans ces nuages, 20 km en-dessous, ce qui supposait un mélange de gaz constant à ces deux altitudes. « Nous, on observe ce qui se passe au niveau des nuages, à 60 km à peu près, au sommet de la couche nuageuse, et on peut dire qu’on n’en voit pas », a déclaré à l’AFP Mme Encrenaz. Dans ces conditions, il est « extrêmement difficile de rendre compatibles les deux mesures », selon l’astrophysicienne, spécialiste des atmosphères planétaires, qui dit « pour l’instant » ne pas croire à la présence de ce gaz dans celle de Vénus.

Une deuxième étude, également parue dans Astronomy & Astrophysics mardi, enfonce le clou en attaquant la méthode du Pr Greaves. Pour Ignas Snellen, astrophysicien à l’université néerlandaise de Leyde, cette méthode débouche sur des « résultats faussés ». Son équipe met notamment en cause l’utilisation d’un « polynôme de degré 12 », une équation permettant de « nettoyer » un signal de détection, mais au risque de le corrompre si le degré est trop élevé.

L’équipe du Pr Snellen, reprenant les données et la méthode du Pr Greaves, trouve des résultats « sous le seuil généralement admis d’acceptation statistique ». Elle en conclut que ces données ne fournissent « pas de preuve statistique pour une présence de phosphine dans l’atmosphère de Vénus ».