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Le logo des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) principale agence sanitaire des Etats-Unis © Getty Images North America/AFP/Archives Kevin C. Cox

Le variant Delta de la Covid-19 est aussi contagieux que la varicelle, a probablement des effets plus graves que ses prédécesseurs et les personnes contaminées semblent autant le transmettre qu’elles soient vaccinées ou non, selon des documents officiels américains. Ces constats, qui s’appuient sur des études scientifiques, figurent sur une présentation circulant en interne au sein des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence sanitaire des Etats-Unis. 

Révélés par le Washington Post, ces documents, dont l’authenticité a été confirmée à l’AFP, s’accompagnent d’une mise en garde à l’égard des responsables : « La guerre a changé ». 

La directrice des CDC, Rochelle Walenksy, s’est appuyée sur les données de la présentation pour recommander à nouveau, depuis deux jours, le port du masque en intérieur pour les personnes vaccinées dans les zones à haut risque. Ladite présentation s’appuie notamment sur une analyse menée à Provincetown, dans l’Etat du Massachusetts, où près de 900 cas de Covid ont été dépistés après les festivités de la fête nationale du 4 juillet, bien que les trois quarts des participants à l’évènement aient été vaccinés.

Or, il n’y avait « pas de différence » dans la charge virale des personnes vaccinées ou non vaccinées, selon la présentation des CDC, ce qui semble indiquer un même degré de contagiosité quel que soit le statut vaccinal. En revanche, il y a eu peu d’hospitalisations (sept à cette date) et aucune mort liée à ce foyer, d’après le site d’informations local Masslive.com.

Ce constat « est le facteur principal du changement des recommandations du CDC » sur le masque, explique à l’AFP Celine Gounder, spécialiste des maladies infectieuses à l’université de New York : « Ce n’est pas pour protéger les personnes vaccinées qui, si elles sont infectées, auront des symptômes légers, voire aucun, mais on constate qu’elles peuvent contaminer d’autres personnes ».

Jennifer Nuzzo, épidémiologiste à l’université Johns Hopkins, ajoute qu’il faut noter que l’événement de Provincetown s’est produit dans un lieu où la transmission communautaire était faible ; à ce titre, la nouvelle recommandation des autorités sanitaires sur le masque n’y aurait pas été appliquée. « De plus, les informations sur cet événement suggèrent que l’exposition (au virus) s’est probablement faite dans des lieux comme des bars ou des fêtes dans des maisons, où le port du masque est peu probable », dit-elle à l’AFP.

Par ailleurs, les documents du CDC montrent que les contaminations de personnes vaccinées ne sont pas aussi rares qu’on le pensait avec « 35 000 infections symptomatiques par semaine sur les 162 millions d’Américains vaccinés ».

Sur la base d’études internationales, les CDC jugent que la Covid était initialement à peu près aussi contagieuse que la grippe, mais est devenu comparable à la varicelle – une personne contaminée par le variant Delta le transmettant à huit autres en moyenne – et reste en-deçà de la rougeole. Des données du Canada, de Singapour et d’Ecosse suggèrent qu’il pourrait être plus dangereux, avec davantage d’hospitalisations et de morts.

L’efficacité des vaccins varie, mais dans leur présentation, les CDC estiment que le risque de mourir ou d’être gravement malade est divisé par dix avec un vaccin et le risque d’être contaminé au moins par trois, ce qui revient à dire que les vaccins sont efficaces à 90 % contre les formes sévères et à 67 % contre les infections.

Pour les experts, les vaccins restent donc la solution à la crise sanitaire.

La campagne de vaccination aux Etats-Unis s’était essoufflée, mais la Maison Blanche a annoncé qu’un demi-million de personnes avaient reçu vendredi leur première injection, un plus haut depuis le 1er juillet. Un peu moins de 50 % de la population totale est maintenant entièrement vaccinée.