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Le premier hydravion commercial à propulsion électrique, dans la région de Vancouver, le 10 décembre 2019 © AFP Don MacKinnon

Un hydravion de six places présenté comme le premier appareil commercial électrique du monde a réussi son premier vol d’essai mardi 10 décembre près de Vancouver (ouest du Canada), selon une journaliste de l’AFP sur place.

L’appareil de la compagnie canadienne Harbour Air, un Beaver DHC-2 de Havilland de 62 ans équipé d’un moteur électrique, a effectué un vol de quelques minutes en début de matinée, au départ de l’aéroport de Vancouver, devant une centaine de curieux et de journalistes. « C’est le début de l’ère de l’aviation électrique », s’est félicité Roei Ganzarski, président de la société magni-X de Seattle (États-Unis) qui a conçu le moteur électrique de 750 chevaux pour Harbour Air, principale compagnie d’hydravions d’Amérique du Nord.

L’appareil jaune et bleu était piloté par Greg McDougall, fondateur et président de la compagnie Harbour Air qui exploite une quarantaine d’hydravions et transporte chaque année quelque 500 000 passagers sur de courtes distances le long de la côte du Pacifique en Colombie-Britannique. « Notre but est d’électrifier toute la flotte, il n’y a aucune raison de ne pas le faire », a-t-il ajouté.

M. McDougall estime qu’il devra attendre encore au moins deux ans avant de commencer cette électrification : il faudra d’abord mener d’autres essais en vol pour tester la fiabilité de ce moteur puis obtenir les homologations nécessaires à son exploitation commerciale, selon lui.

« Pour moi c’était comme piloter un Beaver normal, sauf que c’était un Beaver sous stéroïdes électriques », a-t-il commenté après un vol le long de la rivière Fraser, qui jouxte l’aéroport. « En fait j’ai même dû contenir la puissance ». En raison des capacités de sa batterie, le « e-Beaver » testé mardi a une autonomie limitée à environ 160 km, ce qui correspond à la majorité des vols opérés par Harbour Air, a expliqué son PDG.

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Un vol d'essai réussi le 10 décembre dans les environs de Vancouver © AFP Don MacKinnon © AFP Don MacKinnon

Des vols à bas coût à bord d’avions électriques pourraient transformer la façon dont les gens se déplacent, notamment pour se rendre à leur travail, selon lui. « Si les gens sont prêts à conduire pendant une heure pour aller travailler, pourquoi pas voler pendant 15 minutes », a-t-il demandé.

Interrogé avant le vol d’essai, le ministre canadien des Transports Marc Garneau s’est dit très intéressé par cette expérience « parce que ça pourrait montrer la voie vers une façon de voler plus respectueuse de l’environnement ». Les Verts canadiens ont également salué une « étape importante : le début d’une nouvelle ère de l’aviation et la transformation des hydravions de Harbour Air en la première flotte commerciale entièrement électrique ».

L’aviation représente environ 2 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), selon les chiffres de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). En octobre dernier, lors de la dernière assemblée générale de l’institution onusienne basée à Montréal, les 193 pays membres se sont engagés à travailler sur un objectif à long terme (2050) pour limiter les émissions de CO2 des vols internationaux. Cet objectif sera discuté lors de la prochaine assemblée triennale en 2022.