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Analyse d'un examen radiologique © Getty Images

Le cancer du sein est le cancer féminin le plus courant en France. Quelque 75 % des femmes touchées se voient prescrire un traitement hormonal, lequel réduit de 50 % les risques de rechute. Or une récente analyse « démontre pour la première fois que les traitements hormonaux n’ont pas un impact plus faible que la chimiothérapie sur la qualité de vie des femmes, explique le Dr Inès Vaz-Luis, oncologue spécialiste du cancer du sein et chercheuse à l’institut Gustave Roussy, auteur principal de l’analyse. Bien au contraire, la détérioration de la qualité de vie, qui se déclare au diagnostic, persiste deux ans après, alors que l’impact de la chimiothérapie est plus transitoire ». 

En outre, chez certaines femmes, surtout après la ménopause, l’hormonothérapie entraîne des symptômes graves ou douloureux : douleurs musculo-squelettiques, dépression, fatigue sévère, difficultés cognitives…  A contrario, l’impact de la chimiothérapie est plus important sur la qualité de vie des femmes non-ménopausées, particulièrement la détérioration des fonctions cognitives (comme la capacité de concentration ou la mémoire). 

L’étude a été menée sur 4262 patientes atteintes d’un cancer du sein localisé, dont la qualité de vie a été mesurée au moment du diagnostic, à un an puis à deux ans. Leur traitement comportait chirurgie et pour certaines, chimiothérapie et/ou radiothérapie. Puis 75 à 80 % d’entre elles prenaient une hormonothérapie pendant au moins cinq ans.

Les auteurs de l’étude en appellent à une meilleure prise en charge de ces symptômes et, le cas échéant, à une désescalade thérapeutique, c’est-à-dire à une adéquation plus fine des traitements aux risques de rechute encourus par les patientes : « À l’avenir, il sera important de parvenir à identifier avant traitement les patientes à haut risque de rechute de celles à plus faible risque. Cela permettra d’éviter l’escalade des traitements hormonaux », souligne le Dr Vaz-Luis. Les auteurs proposent aussi d’associer à l’hormonothérapie des soins dits « de support » comme l’exercice physique. Des tâches urgentes, puisque les recommandations actuelles sont d’étendre la durée de l’hormonothérapie de cinq à dix ans et que « la description d’une mauvaise tolérance ne remet en aucun cas en cause l’excellent rapport bénéfice/risque de ce traitement », souligne le Dr Vaz-Luis.