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Une femme attend à l’extérieur d’un centre de santé à Los Angeles, le 27 septembre 2012 © AFP/Archives Robyn Beck

La plus grande conférence annuelle de spécialistes du cancer, organisée par la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO) se tient depuis vendredi à Chicago, avec des milliers de cancérologues venus du monde entier. Des centaines de résultats de recherche sont présentés. Voici trois principaux, sélectionnés par l’AFP.

Cancer du sein

La première grande annonce, samedi, a concerné un type de cancer du sein représentant les deux tiers de tous les cas chez les femmes avant la ménopause : les cancers du sein hormonodépendants. Les résultats d’un essai clinique international ont montré que 70 % des patientes ayant pris le comprimé de la molécule ribociclib étaient vivantes trois ans et demi après le début du traitement, contre 46 % pour celles ayant pris un placebo, soit une réduction relative du risque de 29 %. Le traitement s’ajoute à une hormonothérapie (les femmes ayant pris le placebo suivaient ce traitement de base). Il est moins toxique qu’une chimiothérapie traditionnelle, car il cible plus spécifiquement les cellules cancéreuses, en les empêchant de se multiplier. « On peut en fait obtenir une meilleure réponse (...), ou mieux tuer le cancer, en ajoutant l’un de ces inhibiteurs de cycle cellulaire » en plus de l’hormonothérapie, a expliqué à l’AFP l’auteure principale de ces travaux, Sara Hurvitz.

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Sara Hurvitz, auteure principale des travaux sur un type de cancer du sein, le 1er juin à Chicago, en marge de la conférence annuelle de l’ASCO © AFP Issam Ahmed

Cancer du poumon

Les bonnes nouvelles concernant l’immunothérapie continuent. C’est une révolution en oncologie : ce type de traitement vise à mobiliser le système immunitaire du patient afin qu’il attaque les tumeurs, qui sont maîtres dans l’art de devenir invisibles pour les globules blancs. Des centaines de molécules sont en cours de développement et beaucoup sont déjà sur le marché. Cela ne marche pas pour tous les types de cancers, ni pour tous les malades, mais chaque année des progrès sont enregistrés, parfois spectaculaires.

Samedi, à la conférence de Chicago, ont été annoncés les résultats du suivi à cinq ans du pembrolizumab (Keytruda) dans la prise en charge des malades du cancer du poumon non à petites cellules, le type le plus commun. Près du quart des malades ayant pris ce médicament – sans chimiothérapie antérieure – étaient vivants au bout de cinq ans (15 % pour ceux qui avaient été traités par chimiothérapie), du jamais vu, selon le laboratoire Merck/MSD. Or, avant l’immunothérapie, le taux de survie à cinq ans pour ce type de cancer était d’environ 5 %.

« La perspective uniformément négative qui était associée au diagnostic de cancer du poumon non à petites cellules n’est absolument plus justifiée », a souligné Edward Garon, professeur à l’université de Californie Los Angeles et auteur principal de l’étude. « Pour de plus de en plus de patients, il est vraiment remarquable que la survie ne se décompte plus en mois », a déclaré à l’AFP un cancérologue présent à Chicago et qui n’a pas participé à l’étude, David Graham, du Levine Cancer Institute à Charlotte, en Caroline du Nord.

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Hedy Kindler, oncologue à l’hôpital de l’université de Chicago, en marge de la conférence, le 2 juin 2019 © AFP/Issam Ahmed

Cancer du pancréas

Les bonnes nouvelles sont rares concernant le cancer du pancréas, l’un des plus sinistres : le patient moyen vivra moins d’un an. Mais un essai clinique récent semble prometteur : un tiers des patients étaient toujours en vie au bout de deux ans, comme cela a été annoncé dimanche. Il s’agit de patients porteurs d’une mutation du gène BRCA, associée à une hausse significative du risque de cancer, pancréas et sein notamment. Cette mutation est celle qui a conduit l’actrice Angelina Jolie à une ablation préventive des deux seins.

La molécule utilisée dans l’essai clinique s’appelle l’olaparib (Lynparza, laboratoires Merck et AstraZeneca) et a déjà approuvée pour le traitement du cancer des ovaires. Les malades ayant pris l’anticancéreux ont vu la progression du cancer stoppée pendant 7,4 mois (médiane) contre 3,8 mois chez ceux ayant pris le placebo. Chez le quart des patients ayant vu leur tumeur diminuer, cette réduction s’est maintenue pendant plus de deux ans, dit à l’AFP l’auteure principale de l’étude, Hedy Kindler, oncologue à l’hôpital de l’université de Chicago. Il ne s’agit donc pas de guérison, mais la médecin ajoute : « On peut transformer un diagnostic fatal en maladie potentiellement chronique, au moins pendant un moment, et garder la maladie sous contrôle ».