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Edouard Philippe, Christophe Castaner, Jérome Guerreau, Agnès Buzyn réunis à Matignon le 26 janvier 2020 © AFP Lucas Barioulet

Le gouvernement a annoncé hier dimanche le rapatriement prochain des Français qui le souhaitent de la zone d’épidémie du coronavirus en Chine, alors que six cas suspects sont toujours à l’étude en France. « Le Premier ministre, Édouard Philippe, a demandé d’organiser un rapatriement par voie aérienne directe vers la France avec l’accord des autorités chinoises » pour les Français présents dans la région de Wuhan, épicentre de l’épidémie et normalement soumise à une interdiction de circuler, a déclaré la ministre de la Santé Agnès Buzyn après une réunion à Matignon.

Ce rapatriement se fera « en milieu de semaine » et sera effectué sous la supervision d’une « équipe médicale dédiée ». Les personnes rapatriées devront en outre « demeurer dans un lieu d’accueil pendant 14 jours », période d’incubation estimée, a précisé la ministre.

Elle a estimé que le nombre de personnes concernées pourrait « aller de quelques dizaines à quelques centaines » et précisé que les autorités consulaires sur place étaient « en train de recenser » les Français souhaitant rentrer, certains pouvant hésiter en raison de la période de quarantaine destinée à éviter « toute propagation du virus sur le territoire » national.

Alors que l’identification de trois cas de cette pneumonie virale sur des voyageurs récemment rentrés de Chine a fait craindre une possible propagation du virus en France, Mme Buzyn a précisé qu’aucun nouveau cas n’avait été confirmé mais que six cas suspects attendaient toujours les résultats de tests. 

« Cas-contacts » identifiés

Il ne s’agit pas de personnes ayant été en contact avec les trois déjà diagnostiquées comme touchées par le nouveau virus 2019-nCoV et hospitalisées à Paris (deux) et Bordeaux (une). Toutes trois étaient récemment arrivées de Chine et avaient séjourné à Wuhan, la grande ville où l’infection est apparue en décembre.

« Quelques cas-contacts » de ces malades confirmés ont été identifiés et les autorités leur ont demandé de rester chez eux en surveillant l’apparition éventuelle de symptômes, fièvre, toux ou troubles respiratoires, a précisé Mme Buzyn.

« La stratégie est d’éviter une propagation », a poursuivi la ministre en réitérant les consignes et en expliquant qu’il était par contre « totalement inutile d’acheter des masques », alors que certaines pharmacies ont enregistré une ruée ces derniers jours.

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Des passagers en provenance de Chine arrivent à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, le 26 janvier 2020 © AFP Alain Jocard

Depuis l’annonce de cas en France, les autorités sanitaires ont insisté sur l’efficacité de la prise en charge, rappelant systématiquement aux personnes en présence de symptômes évocateurs après un voyage en Chine ou un contact avec quelqu’un rentrant de ce pays, de contacter le Samu par le numéro téléphonique d’urgence 15 pour bénéficier d’une évaluation par un médecin régulateur et de ne pas se rendre aux urgences ou chez son médecin pour éviter toute possible contagion.

Alors que des critiques sur le manque de détection aux arrivées aéroportuaires s’étaient exprimées, la direction générale de la santé (DGS) avait annoncé samedi la mise en place d’une « équipe médicale d’accueil » à l’aéroport de Roissy pour prendre en charge des personnes qui présenteraient des symptômes d’une infection.

Le groupe automobile français PSA avait déjà annoncé samedi son intention de rapatrier ses expatriés et leurs familles vivant dans la région de Wuhan.

Dimanche soir, le syndicat des tour-opérateurs français (Seto) a recommandé la suspension des voyages organisés vers la Chine jusqu’au 21 février, au lendemain d’une décision de Pékin de suspendre les voyages organisés en Chine et depuis la Chine.

Wuhan et sa région sont placées de facto en quarantaine depuis jeudi afin de prévenir une nouvelle propagation de la maladie. Au total, 56 millions de personnes sont coupées du monde. Le bilan en Chine s’élevait dimanche à près de 2 000 cas de contamination, dont 56 mortels. 

Par ailleurs, les festivités du Nouvel an chinois qui devaient se tenir dimanche ont été annulées à Paris, après une décision similaire à Bordeaux.