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À gauche, une plaquette de Nivaquine, un antipaludique contenant de la chloroquine. À droite, une plaquette de Plaquenil, un médicament contenant de l’hydroxychloroquine © AFP/Gérard Julien

Une étude menée sur 900 soignants va évaluer si deux médicaments, l’hydroxychloroquine et l’azithromycine, sont efficaces pour empêcher d’attraper le Covid-19, ont annoncé mardi les hôpitaux de Paris (AP-HP). Le Professeur Jean-Marc Tréluyer, de l’unité de recherche clinique Necker-Cochin (AP-HP/Université de Paris), responsable de cette étude, annonce que « les résultats sont attendus dans environ 70 jours ».

Nommée PrEP COVID, cette étude ne porte pas sur le traitement de la maladie, mais sur sa prévention, en associant un traitement médicamenteux en prophylaxie à des gestes barrière (lavage de mains, masques…). « Les soignants ne peuvent pas se confiner du fait de leur travail, donc ça nous semblait important de nous intéresser plus particulièrement à eux, mais si cela fonctionne, ça peut ensuite être valable pour d’autres populations », poursuit le Professeur Tréluyer.

Neuf cents soignants participeront à l’étude, lancée mardi. Il faudra 30 jours pour tous les recruter et ils seront traités pendant 40 jours. Ils seront répartis dans trois groupes : 300 recevront de l’hydroxychloroquine (dont le nom commercial est Plaquenil), dérivé de l’antipaludéen chloroquine, 300 recevront de l’azithromycine (un antibiotique) et 300 un placebo. Ils seront testés « en début de protocole, en fin de protocole et en cours de protocole s’ils présentent des signes » d’infection au coronavirus, explique le Professeur Tréluyer.

L’hydroxychloroquine et l’azithromycine ont beaucoup fait parler d’eux ces dernières semaines : leur association est utilisée par le Professeur marseillais Didier Raoult, non pas pour prévenir mais pour traiter le Covid-19. Ses études se sont toutefois attiré des critiques en raison de leur méthodologie. Elles ne comportent pas de groupe contrôle (c’est-à-dire des patients à qui on n’administre pas le traitement étudié), ce qui empêche donc d’établir une comparaison pour déterminer l’efficacité du traitement.

Contrairement au protocole de l’équipe du Professeur Raoult, les responsables de l’étude de l’AP-HP ont choisi de ne pas associer les deux médicaments, mais de les évaluer séparément. « Dans l’association hydroxychloroquine/azithromycine, il y a un risque de toxicité cardiaque, ça ne nous semblait donc pas opportun d’associer les deux dans le cadre d’une étude de prévention », déclare le Professeur Tréluyer. Des électrocardiogrammes sont d’ailleurs réalisés sur les participants.

L’idée de tester ces médicaments pour prévenir le Covid-19 est calquée sur « ce qu’on fait contre le paludisme ou le sida », explique-t-il. Dans le cas du sida, la PrEP (« prophylaxie pré-exposition ») consiste à administrer à des gens séronégatifs des comprimés de Truvada (ou de ses génériques) pour faire barrage au virus, alors que ce médicament était initialement destiné aux séropositifs. 

Toutefois, cela ne remplace pas le port du préservatif, mais s’y ajoute. La logique est la même dans l’étude lancée mardi. Si les médicaments testés s’avèrent efficaces, ils ne devront pas être utilisés « à la place des gestes barrières mais en complément », insiste le Professeur Tréluyer.

« Au 12 avril 2020, 3610 professionnels de l’AP-HP ont été infectés par le Covid-19 », a indiqué dans un communiqué l’AP-HP, selon laquelle « trois sont malheureusement décédés ».