L’Allemagne a franchi vendredi le cap des 50 000 morts de la Covid-19, tandis que le nouveau président américain Joe Biden promet une mobilisation digne d’un « temps de guerre » face à la pandémie. Nettement moins touchée par la première vague du printemps que ses voisins, l’Allemagne, frappée de plein fouet par la seconde vague, a battu récemment des records quotidiens de décès et de contaminations. La tendance est en baisse depuis une semaine, mais les chiffres restent élevés (859 morts ces dernières 24 heures).

Pour cette raison, les autorités ont durci mardi jusqu’à mi-février l’arsenal anti-Covid (masques obligatoires dans les commerces et transports publics, télétravail jusqu’à mi-mars, fermeture maintenue des restaurants et cafés…), face à la crainte d’une propagation de nouveaux variants du virus plus contagieux.

Aux États-Unis, le nouveau président Joe Biden a signé jeudi dix décrets, dont des obligations de quarantaine et de port du masque, alors que le pays le plus endeuillé au monde (410 000 morts) a dépassé son bilan de la 2e Guerre mondiale. M. Biden, qui ambitionne de vacciner 100 millions d’Américains en 100 jours, a promis une mobilisation digne d’un « temps de guerre » face à la Covid-19, prenant ostensiblement le contrepied de la politique de son prédécesseur Donald Trump. « Notre stratégie se fonde sur la science, pas la politique, sur la vérité, pas sur le déni », a-t-il lancé.

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Le président américain Joe Biden signe des décrets, le 21 janvier 2021, à Washington © AFP Mandel Ngan

Les États-Unis vont faire leur retour dans le giron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qu’ils avaient quittée sous l’ère Trump, et « remplir leurs obligations financières envers l’organisation », a fait savoir l’immunologue Anthony Fauci, conseiller de M. Biden. 

Tour de vis en Europe

Réunie jeudi soir en sommet virtuel consacré à la pandémie, l’Europe des 27 s’apprête également à serrer encore la vis. « Nous sommes de plus en plus inquiets au sujet des différents variants » du coronavirus, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estimant que « tous les voyages non essentiels » devaient « être fortement déconseillés (…) en raison de la situation sanitaire très grave ». 

L’agence européenne chargée des épidémies a relevé à « élevé/très élevé » le risque lié aux nouveaux variants. « Le message essentiel est de se préparer à une escalade rapide de la rigueur des mesures dans les semaines à venir afin de préserver les capacités de soins, ainsi que d’accélérer les campagnes de vaccination », a-t-elle prévenu. 

Bien que le vaccin Spoutnik V de la Russie n’ait pas encore été autorisé dans l’UE, le gouvernement hongrois, critique à l’égard des « lenteurs » européennes, a indiqué vendredi avoir conclu un accord pour en acheter de « larges quantités ».

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Les principales propositions du programme de Joe Biden, notamment sur le Covid-19, l’économie, le réchauffement climatique et le système de santé © AFP Gal Roma

Le Parlement néerlandais a approuvé jeudi soir un couvre-feu nocturne, tandis que le Portugal va fermer ses écoles, crèches et universités pendant 15 jours et suspend les vols avec le Royaume-Uni. En Espagne (plus de 55 000 morts et 2,4 millions de cas), comme redouté, les fêtes de fin d’année ont fait bondir les contagions à des niveaux record. « Cela fait des semaines qu’il est compliqué d’avoir des lits disponibles », déplore Mati Gracia, médecin à l’hôpital del Mar de Barcelone (nord-est), dont l’unité de soins intensifs est submergée par l’afflux de malades.

Chine : confinement et dépistage

Le variant anglais continue de se propager dans le monde, touchant au moins 60 pays et territoires. 

Pékin a lancé vendredi le dépistage de 2 millions d’habitants. Cinq quartiers de sa banlieue sud sont confinés depuis mercredi après quelques cas de Covid-19, dont certains liés au variant anglais. D’impressionnantes files d’attentes se sont formées dans les rues de la capitale chinoise devant les centres de dépistage.

À Hong Kong, les autorités ont instauré un premier confinement depuis le début de la pandémie, dans un des quartiers les plus pauvres et densément peuplés du territoire, qui ne sera levé que lorsque sa population aura été testée.

Le Brésil, deuxième pays le plus endeuillé au monde derrière les Etats-Unis (plus de 214 000 morts), doit recevoir vendredi deux millions de doses du vaccin britannique AstraZeneca/Oxford fabriqué en Inde, ce qui lui permettra d’accélérer sa campagne de vaccination. Le système de santé du pays est saturé et l’épidémie flambe toujours, au point que Rio de Janeiro a renoncé à organiser en 2021 son célèbre carnaval. « Il me paraît insensé d’imaginer à cette heure que nous pourrons organiser le carnaval en juillet », a justifié le maire Eduardo Paes.

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Nombre de morts liées au coronavirus officiellement annoncés par pays, au 22 janvier à 11 h GMT © AFP Simon Malfatto

Le Mexique, quatrième pays le plus endeuillé (plus de 146 000 morts), a enregistré jeudi de nouveaux records quotidiens de décès (+1803) et de contagions (+22 339), selon les autorités sanitaires.

Les JO annulés ?

Le variant sud-africain du coronavirus se diffuse, lui, plus lentement ; il est désormais présent dans 23 pays et territoires, soit trois de plus qu’au 12 janvier, d’après l’OMS, qui suit aussi la diffusion de deux autres variants apparus au Brésil (le P1, signalé dans l’Etat de l’Amazonas et détecté aussi au Japon, et un autre variant).

Face à une situation de plus en plus hors de contrôle, la vaccination se poursuit. Au moins 56,7 millions de doses de vaccins antiCovid-19 ont été administrées dans au moins 63 pays ou territoires, selon un comptage de l’AFP à partir de sources officielles vendredi à 11 h GMT. L’accès aux vaccins est très inégal, 12 pays concentrant plus de 90 % des injections.

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Des habitants font la queue pour se faire tester au coronavirus, à Pékin, le 22 janvier 2021 © AFP Greg Baker

Malgré ce sombre tableau, le Premier ministre japonais et les organisateurs des Jeux olympiques de Tokyo, reportés l’an dernier en raison de la pandémie, ont réaffirmé vendredi leur intention de les tenir cet été. « Je suis déterminé » à accueillir des JO « sûrs », en signe de « victoire de l’humanité sur le nouveau coronavirus », a déclaré le Premier ministre Yoshihide Suga. Selon le journal britannique The Times citant une source au sein de la coalition au pouvoir, le gouvernement aurait toutefois déjà secrètement acté l'impossibilité d'organiser les JO à cause de la flambée épidémique.