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Le physicien et prix Nobel suisse Karl Alexander Müller à Stockholm, le 7 décembre 1987 © Scanpix Sweden/AFP/Archives Lasse Hedberg

Le physicien suisse Karl Alexander Müller, qui a obtenu en 1987 le Nobel pour ses travaux sur la supraconductivité à haute température, est décédé à l’âge de 95 ans, le 9 janvier, indique l’avis de décès publié dans le journal Tages-Anzeiger par ses proches et son laboratoire de recherche IBM Research. Le chercheur, né à Bâle et qui a notamment enseigné à l’université de Zurich, s’est endormi paisiblement après avoir supporté sa dernière tranche de vie avec « persévérance et optimisme », écrit la famille.

Karl Alex Müller avait été récompensé par le Nobel de Physique en 1987 aux côtés de l’Allemand Georg Bednorz, avec qui il travaillait au sein du laboratoire de recherche zurichois IBM Research, « pour leur importante percée dans la découverte de la supraconductivité dans les matériaux céramiques ». 

L’un des phénomènes les plus spectaculaires de la physique, la supraconductivité – la capacité de conduire parfaitement un courant électrique sans aucune résistance – est connue depuis 1911 lorsque le physicien néerlandais Heile Kammerlingh-Omnes découvrit qu’un brin de mercure, refroidi dans l’hélium liquide, conduisait infiniment mieux le courant à environ -270 °C.

D’abord limitée aux températures inférieures à -250 °C, la supraconductivité a pris un nouvel élan avec la découverte, en 1986, par Karl Alex Müller et Georg Bednorz, de nouveaux matériaux, des oxydes de cuivre ou cuprates, supraconducteurs à -238 °C. C’est cette avancée qui leur vaudra d’obtenir, seulement un an plus tard, le prix Nobel. « 1986 a été une année passionnante pour la science à Zurich. Tout a commencé par une idée apparemment farfelue que K. Alex Müller, alors chercheur IBM et professeur à l’université de Zurich, a eue lors d’une conférence en Sicile », a raconté mardi l’université de Zurich sur son site en ligne après l’annonce de son décès. 

La supraconductivité connaît aujourd’hui de nombreuses applications : train en lévitation magnétique, imagerie IRM, accélérateurs de particules, centrales électriques… 

Depuis la découverte de 1986, d’autres chercheurs ont mis au point un alliage qui devient supraconducteur à partir de -140 °C, la plus haute température jusqu’à ce jour, souligne l’université de Zurich. Ces températures plus élevées présentent le grand avantage que la supraconductivité peut être obtenue en refroidissant avec de l’azote liquide plutôt qu’avec de l’hélium liquide, ce qui rend les applications techniques beaucoup plus simples et moins coûteuses.