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Une tête d'imprimante coule du béton liquide, qui se solidifie en cours de formation, ce qui permet de créer des murs courbes si besoin © AFP Thomas Samson

Cinq maisons viennent de voir le jour grâce à une technique novatrice d’impression du béton en 3D, une première en France. Un mur entier 3D, réalisé par la startup XtreeE, fait une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Il est composé de deux parois de quelques centimètres, reliées entre elles par des raidisseurs (sortes de zigzag de béton) qui assurent la cohésion du tout. L’espace au centre est vide, et peut s’utiliser pour accueillir un isolant, soit en laine de roche, soit en matériaux biosourcés comme le chanvre.

De nombreux avantages

Un à trois murs ont été imprimés par jour. « Ce que la 3D permet surtout, c’est d’aller plus vite, de réduire la pénibilité de la construction », affirme Florent Haas, directeur de l’agence Champagne du constructeur Demathieu Bard Construction qui a coordonné le chantier. Le chantier reste au sec : « en atelier, pas de béton coulé sous les intempéries, pour construire plus vite avec moins d’aléas et sans porter de parpaings, car les murs sont transportés en camion et portés à la grue », souligne Romain Duballet, directeur de XtreeE Studio.

La méthode sert aussi à réduire le gâchis. « En moyenne de l’ordre de 30 % de matières sont gâchées sur un chantier classique », estime Emmanuel Coste, l’architecte du projet, pour qui son principal avantage reste « la liberté des formes ». L’imprimante, chargée de béton liquide, permet la créativité comme imaginer des murs courbés.

Pour la 3D, « nous avons développé un béton de haute performance pour résister aux pressions, mais moins dosé en ciment pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », explique Olivier Martinage, du groupe cimentier Vicat qui a participé à la construction. Son prochain défi : utiliser aussi des granulats recyclés dans l’imprimante, pour réduire encore l’impact sur le climat. Le processus de fabrication du ciment émet beaucoup de dioxyde de carbone. « Le béton c’est la solution qu’on a sous la main pour l’instant, mais il émet encore énormément de gaz à effet de serre, il est clair qu’il faudra en sortir », exprime l’architecte Emmanuel Coste.

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Un mur en béton imprimé dans l'atelier de la société XtreeE à Rungis, près de Paris, le 4 avril 2019 © AFP/Archives Thomas Samson

Mais un coût élevé

Un coût pour l’instant 25 % supérieur aux bâtiments traditionnels, mais qui pourrait à l’avenir considérablement faciliter la tâche des constructeurs. Le loyer pour la future maison de Rochdi Zardi, 60 ans, bâtie dans l’écoquartier Rema'Vert sur un ancien site ferroviaire, s’élève à 920 euros par mois, au lieu de 700 pour son actuel appartement en étage. « Ici, ce sera un peu plus cher comme loyer, mais quand on compare ce qu’on a, c’est très correct. Quand on voit les prix dans le privé ! En plus, une maison comme ça, neuve ! », s’exclame-t-il.

Le bailleur social Plurial Novilia a obtenu une certification du procédé 3D par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTV). Cette homologation garantit « l’assurabilité » aux cinq maisons avec la « garantie décennale ». Elle engage la responsabilité des constructeurs, architectes compris, pendant dix ans contre des malfaçons, norme de construction française qui figure parmi les plus strictes du monde.