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Ajnabia odysseus le long d'une côte marocaine, il y a 66 millions d'années. Dessin de Raul Martin

Une équipe de recherche internationale vient de mettre en évidence, pour la première fois en Afrique, la présence d’une nouvelle espèce de dinosaure dans les gisements des phosphates du Maroc datant de la fin du Crétacé, il y a 66 millions d'années.

Ajnabia odysseus était un dinosaure herbivore et faisait partie des emblématiques dinosaures à bec de canard qui atteignaient 15 mètres de long. Des caractères distinctifs au niveau des dents et des mâchoires d’Ajnabia montrent qu’il appartenait aux Lambeosaurinae, une sous-famille caractérisée par des crêtes osseuses de diverses formes sur le sommet du crâne.

L’analyse de la distribution des Lambéosaures - dont les dinosaures à bec de canard - a montré qu’ils avaient évolué en Amérique du Nord, puis s’étaient répandus en empruntant un pont terrestre vers l'Asie puis l'Europe. À l’époque, l'Afrique était un continent insulaire séparé des autres continents par de vastes océans.

Jusqu’à la découverte d’Ajnabia, il était inimaginable que des « becs de canard » soient sur ce continent. Leurs présences en Afrique pourraient être comparées à la découverte d’un éléphant en Australie ! Les becs de canard ont dû faire des centaines de kilomètres à la nage entre l’Europe et l’Afrique. Ils étaient probablement de bons nageurs comme le laissent supposer leurs grandes queues et leurs pattes puissantes. Leurs restes se trouvent en effet souvent dans les dépôts fluviaux et, comme ici au Maroc, dans des sédiments marins.

Dans cette étude, une distance de 500 km entre les deux continents a été évaluée ; c’est un exploit qu’aurait réalisé Ajnabia dont les restes trouvés au Maroc défient les règles de la distribution des faunes terrestres. En référence à cette prouesse, les scientifiques ont donc appelé ce dinosaure « Ajnabia odysseus » ; Ajnabi signifiant « étranger » en arabe, et Odysseus rappelant le célèbre voyageur marin de la mythologie grecque.