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Moutons dans le nord du Maroc © EPFL

En réunissant des bases de données génétiques et environnementales, une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) vise à mieux identifier les espèces animales et végétales les plus exposées au changement climatique. 

Pour illustrer l’utilité de ce logiciel, développé depuis une dizaine d’années, les chercheurs du Laboratoire de systèmes d’information géographique (Lasig) citent l’exemple d’une race de mouton présente dans le nord du Maroc. 

Ce mouton a développé un gène qui déclenche la sécrétion d’une cire au bout de ses poils afin de le protéger contre les importantes précipitations du Haut-Atlas, son lieu de vie. Baptisé R. Sambada, le logiciel développé par le Lasig fournit un accès simultané à des bases de données bio-informatiques (annotations automatiques de génomes) et à des bases de données climatiques (précipitations, vent, ensoleillement, couverture nuageuse). Il génère aussi des cartes permettant de visualiser ces données. 

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Situation actuelle sur une carte générée par le logiciel R. Sambada : dans la zone délimitée par un trait rouge, 90 % des moutons possèdent le variant du gène protecteur contre la pluie © EPFL

Par exemple, R. Sambada montre que le variant du gène protecteur contre la pluie n’est présent que chez les individus des régions montagneuses de l’Atlas. Selon un scénario climatique du Giec pour 2070, avec une hausse de 3,7 °C, les précipitations diminueront dans cette région et la sécheresse s’étendra : un défi pour les moutons actuels. « Ce logiciel permet d’identifier les gènes impliqués dans le processus d’adaptation des espèces aux conditions climatiques dans lesquelles elles ont évolué, explique Stéphane Joost, un des auteurs de l’étude, (…) en particulier celles dont la survie est menacée par les changements climatiques ». 

À l’avenir, les chercheurs espèrent utiliser ce logiciel pour générer des zones de conservation en fonction de différents scénarios climatiques, soit un réchauffement allant de 1,5 à 4 °C. 

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Situation climatique en 2070, avec un réchauffement de 3,7 °C : les moutons situés dans la zone de couleur saumon auront probablement besoin d’un autre variant pour s’adapter à la sécheresse à venir © EPFL