Image légendée
Image d’une feuille de cannabis prise le 17 avril 2019 dans les locaux uruguayen de la compagnie américaine Fotner à Nueva Helvecia © AFP/Archives Pablo PORCIUNCULA BRUNE

L’Agence du médicament (ANSM) a donné jeudi son feu vert à une expérimentation du cannabis thérapeutique en France selon le cadre proposé fin juin par un groupe d’experts. « Après analyse, l’ANSM entérine l’avis du CSST », le comité d’experts mis en place pour réfléchir aux contours de cette expérimentation, a indiqué l’autorité sanitaire dans un communiqué.

« Le cadre global qu’ils posent est un cadre à partir duquel on peut travailler, leurs propositions nous paraissent des bonnes propositions », a précisé à l’AFP Dominique Martin, directeur général de l’Agence nationale du médicament. Saluant un travail « remarquablement conduit », le dirigeant souligne que le comité a « pris le temps nécessaire d’écouter les uns et les autres », dans les différentes dimensions du dossier – médicales, économiques, associatives – et n’a « pas perdu de temps » depuis sa nomination.

L’ANSM, qui avait donné fin 2018 un accord de principe au lancement d’une expérimentation du cannabis thérapeutique en France, avait alors demandé à ce comité de se pencher sur la forme à donner à cette opération. L’enjeu étant que l’ampleur de l’expérimentation et la qualité des données recueillies soient suffisantes pour, à son terme, juger de la pertinence d’une légalisation du cannabis à visée médicale. Pour ce test « en situation réelle », le cannabis thérapeutique pourra être prescrit chez des patients en « impasse thérapeutique », souffrant de certaines formes d’épilepsies résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques (résultant de lésions nerveuses) non soulagées par d’autres thérapies, d’effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs et les contractions musculaires incontrôlées de la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux central.

Pas question toutefois de « joint sur ordonnance » : les produits prescrits seront inhalés (huile, fleurs séchées) ou ingérées (solutions buvables, gouttes et capsules d’huile). Le comité de treize spécialistes, présidé par le psychiatre et pharmacologue Nicolas Authier, a aussi recommandé de réserver la « prescription initiale » de produits à base de cannabis aux médecins exerçant dans des centres de référence (centres anti-douleur, centres experts de la sclérose en plaques, etc.).

Les médecins participant à l’expérimentation seront volontaires et auront obligatoirement suivi une formation en ligne, dont les modalités restent à déterminer. Après le feu vert de l’ANSM s’ouvre maintenant une période de mise en œuvre pratique avant l’inclusion des premiers patients, qui devrait intervenir début 2020. L’agence « s’engage dès à présent à préparer, avec les différents services de l’État concernés, les modalités techniques de mise en œuvre de l’expérimentation ». Il faudra notamment modifier au préalable le Code de la santé publique, qui réglemente la possession et la commercialisation de substances stupéfiantes.

Le ministère de la Santé devra également déterminer l’enveloppe budgétaire allouée à l’expérimentation, un point essentiel pour déterminer sa qualité et le nombre de malades qui pourront y participer, selon les associations de patients. Un comité « composé notamment de représentants des patients et de professionnels de santé » devrait par ailleurs être mis en place pour suivre et évaluer le déroulement.