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Un hélicoptère largue de l’eau au-dessus d’un incendie près de Batemans Bay dans l’Etat australien de Nouvelle-Galles du Sud, le 2 janvier 2020 © AFP Peter Parks

L’Australie a autorisé jeudi l’évacuation forcée de certains habitants au moment où des milliers de touristes commencent à fuir des zones du littoral sud-est, avant un nouveau pic de chaleur attendu samedi, favorable à la progression des incendies meurtriers.

Des feux hors de contrôle ont ravagé le sud-est du pays la veille du Nouvel An, tuant huit personnes. Gladys Berejiklian, Première ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, a déclaré jeudi un état d’urgence de sept jours qui autorise les évacuations forcées à compter de vendredi. 

Depuis le début de la saison des incendies en septembre, il s’agit de la troisième fois que l’état d’urgence est déclaré dans cet Etat, le plus peuplé d’Australie.

« Nous ne prenons pas ce genre de décisions à la légère, mais nous voulons nous assurer que toutes les mesures nécessaires sont prises pour nous préparer à ce qui pourrait être un horrible samedi », a-t-elle ajouté.

Cette annonce intervient après que les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud ont demandé aux touristes de quitter une zone côtière de 200 kilomètres de long, depuis la pittoresque ville de Batemans Bay (à environ 300 kilomètres au sud de Sydney) jusqu’au sud et l’Etat de Victoria.

Au moins 18 personnes sont décédées depuis le début de la saison des feux en septembre. Ce bilan humain pourrait encore s’alourdir, les autorités de l’Etat de Victoria ayant affirmé jeudi que 17 personnes sont portées disparues sur son territoire.

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Étendue des foyers en Australie © AFP John Saeki

Partir avant samedi

Les gens doivent partir avant samedi, journée noire sur le front des incendies avec des rafales de vent soutenues et des températures supérieures à 40 °C. Cette journée pourrait être pire que celle de mardi, la plus meurtrière depuis le début de la crise.  

De nombreux touristes ont passé deux nuits isolés dans des zones privées d’électricité et de communications, avec de maigres réserves de nourriture. L’évacuation de la zone interdite aux touristes va être « la plus importante jamais réalisée dans la région », a souligné le ministre des transports de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Constance, sur la chaîne ABC.

Une longue file de voitures s’étendait jeudi le long de l’autoroute menant vers Sydney. Une conductrice a affirmé à l’AFP avoir mis plus de trois heures pour parcourir seulement 50 kilomètres. 

Le directeur adjoint du service des pompiers de l’Etat, Rob Rogers, a ajouté que les pompiers étaient incapables d’éteindre ou même de contrôler les feux en cours. « Il y a tellement d’incendies dans cette zone que nous ne sommes pas en capacité de contenir » la catastrophe, a-t-il déclaré à ABC. « On doit juste s’assurer qu’il n’y a plus personne sur leur chemin ».

John Steele, 73 ans, qui vit près de Merimbula, sur la côte sud, a raconté à l’AFP que certains « paniquaient » en raison des appels à évacuer : « Il y a tellement de fausses informations sur Facebook et Internet ». 

M. Steele a décrit la situation de ces derniers jours comme « chaotique » alors que les réserves de produits frais et d’essence sont presque épuisées. Plus de 400 maisons ont été détruites ces derniers jours, un nombre qui devrait s’accroître au fur et à mesure que les pompiers atteignent les hameaux les plus retirés.

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Un pompier lutte contre les flammes près de la ville de Nowra, en Nouvelle-Galles du Sud, le 31 décembre 2019 © AFP Saeed Khan

Une politique climatique « censée »

Des navires et avions militaires ont été déployés, ainsi que des personnels d’urgence, pour convoyer de l’aide humanitaire et évaluer les dégâts dans les régions les plus isolées.

Deux navires sont arrivés jeudi matin dans la cité balnéaire de Mallacoota, où des personnes se sont réfugiées mardi sur la plage pour échapper aux flammes qui ont atteint la ville. 

Jusqu’à 4 000 personnes devraient être évacuées dans un premier temps. Ces opérations pourraient durer plusieurs semaines, selon des responsables.

Le commandant Doug Laidlaw, de la force de lutte contre les incendies dans l’Etat de Victoria, a indiqué que les premières personnes devraient arriver sur les navires vendredi matin. Les enfants, les malades et les personnes âgés sont prioritaires.

Depuis le début de la saison des incendies, plus de 1 300 maisons ont été réduites en cendres et 5,5 millions d’hectares sont partis en fumée, soit une zone plus vaste qu’un pays comme le Danemark ou les Pays-Bas.

Cette crise sans précédent a donné lieu à des manifestations pour demander au gouvernement de prendre immédiatement des mesures contre le réchauffement climatique qui serait, selon des scientifiques, à l’origine de ces feux plus précoces, plus longs et plus violents que jamais.

Le Premier ministre, Scott Morrison, qui a renouvelé son soutien à la lucrative mais très polluante industrie du charbon australienne, est très critiqué.

Jeudi, il a donné sa première conférence de presse depuis ce regain des incendies et défendu sa politique en matière de changement climatique, qu’il a qualifiée de « sensée ».