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Ensemencement des nuages par un membre de la Royal Malaysian Air Force, en septembre 2019 au-dessus de l’Etat de Kedah © AFP/Archives Sadiq Asyraf

L’Indonésie a commencé à provoquer des pluies artificielles afin de prévenir le déclenchement des vastes feux de forêt qui dégagent à la saison sèche des nuages de fumée toxique, une menace qui pourrait s’ajouter à celle du coronavirus. 

Les feux de l’an dernier ont été les pires depuis 2015 à cause de la sécheresse et quelque 1,6 million d’hectares ont brûlé dans l’archipel d’Asie du Sud-Est, essentiellement sur les îles de Sumatra et de Bornéo. L’Indonésie a par le passé déjà eu recours à cette technique qu’il s’agisse de prévenir des incendies ou de déclencher des pluies avant qu’elles n’atteignent des régions où le risque d’inondation est élevé.

« Nous prenons ces mesures avant que les feux ne commencent », a souligné Tri Handoko Seto de l’agence gouvernementale des technologies BPPT. Les autorités ont commencé ces deux dernières semaines à utiliser une technologie d’ensemencement des nuages pour provoquer des précipitations dans la province de Riau, avant de l’étendre ailleurs sur l’île de Sumatra et à Bornéo. Les opérations pourraient durer toute la saison sèche, qui s’étend jusqu’au mois de septembre.

L’effort sera dirigé en priorité sur les tourbières, des zones d’ordinaire humides qui deviennent très inflammables quand elles sont asséchées, parfois artificiellement pour laisser place à des cultures.

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Carte des précipitations, mai 2020

L’an dernier, les incendies sur Sumatra et Bornéo ont produit d’épais nuages de fumées toxiques qui ont contraint de nombreuses écoles à fermer et se sont répandus jusqu’aux pays voisins, la Malaisie et Singapour. Les autorités avaient déployé plusieurs dizaines de milliers de pompiers et de forces de sécurité pour éteindre les incendies, parfois déclenchés intentionnellement, destinés à nettoyer de nouvelles surfaces où planter des palmiers à huile. « Selon nos prévisions, la saison sèche cette année ne devrait pas être aussi mauvaise que l’an dernier […] mais on ne sait jamais », a noté Tri Handoko Seto.

« Les entreprises et les gouvernements doivent avoir un grand sens des responsabilités et prendre des mesures pour éviter les fumées mortelles des incendies de forêt qui risquent de renforcer la menace pesant sur la santé de millions d’habitants de la région. […] Nous faisons face à une crise sanitaire mondiale et un virus qui affecte les poumons des gens », souligne l’ONG Greenpeace pour qui la crise du coronavirus conjuguée avec un nouveau nuage de fumée toxique ferait courir de graves risques à la population.