Alors que les Jeux olympiques de Tokyo s’ouvrent vendredi dans un huis clos quasi-total à cause de la pandémie, les téléspectateurs pourront compter plus que jamais sur les progrès des technologies de diffusion pour leur faire vivre l’événement en immersion.

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La salle de contrôle et de production des images d’Olympic Broadcasting Services (OBS), société chargée de filmer et diffuser les Jeux olympiques de Tokyo, le 13 novembre 2018 à Madrid © AFP/Archives Oscar Del Pozo

Après le report des Jeux d’un an dû à la pandémie, « nous avons pris l’engagement de ne pas réduire l’amplitude et la qualité de notre couverture », explique Yiannis Exarchos, directeur général d’Olympic Broadcasting Services (OBS), société chargée de filmer et diffuser tous les JO depuis 2008.

Les retransmissions olympiques ont bien évolué depuis la première expérience télévisée à Berlin en 1936, avec trois caméras captant des images pour un public installé à quelques kilomètres de là. Les équipes d’OBS se préparent ainsi à filmer pendant ces JO 2020 quelque 9 500 heures d’images ­– 30 % de plus qu’à Rio en 2016 – mises à disposition des chaînes de télévision du monde entier ayant acquis les droits de diffusion, et promettent aux téléspectateurs une expérience améliorée par diverses nouveautés technologiques.

Parmi ces innovations, Yiannis Exarchos cite le 3D Athlete-Tracking, un système combinant les images de plusieurs caméras grâce à l’intelligence artificielle pour revoir des actions sportives sous tous les angles. « Quelques secondes après un 100 mètres, vous pouvez recréer toute la course en 3D et identifier par exemple les pics de vitesse des athlètes, un bon moyen pour montrer aux téléspectateurs les coulisses de ces performances incroyables », décrit-il.

Bruits de public enregistrés

Pour la première fois, les Jeux seront intégralement filmés et mis à disposition des chaînes en ultra-haute définition (4K), et les téléspectateurs japonais disposant d’un téléviseur adéquat auront même droit pour certains sports à une diffusion en 8K, standard à la définition quatre fois supérieure sur lequel planche depuis 1995 la chaîne publique japonaise NHK, leader mondial dans ce domaine.

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La volleyeuse sud-coréenne Kim Yeon-koung interviewée par des journalistes lors de son arrivée à l’aéroport de Narita le 20 juillet 2021, avant le début des JO © AFP/Archives Kazuhiro Nogi

« L’un des points forts de la 8K est de rendre de manière inégalée le détail du mouvement des corps à l’écran », explique Takayuki Yamashita, du centre de recherche technologique de la NHK, évoquant notamment les ralentis de haute qualité permis par des caméras développées récemment.

« Il ne faut pas non plus que ce soit la course aux K », pense toutefois le directeur des sports de France Télévisions Laurent-Eric Le Lay, avant d’évoquer une nouveauté de la chaîne pour ces Jeux, un plateau de télévision qui semblera immergé dans la Baie de Tokyo grâce à la réalité virtuelle. « On va créer une bulle de verre virtuelle, avec un décor qui montrera les plus beaux immeubles de Tokyo derrière. Il y aura un très gros travail pour faire vivre ce plateau. »

Pour pallier l’absence de spectateurs dans les stades, OBS a créé à partir des enregistrements de Jeux précédents des ambiances sonores adaptées à chaque sport, qui seront diffusées sur les lieux de compétition. Les sportifs privés de public pourront quand même voir les fans les encourager, via des écrans affichant des mosaïques de selfies vidéos envoyés du monde entier, et être connectés en vidéo à leurs proches dès la fin de leurs épreuves.

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Les tribunes vides du canal de la Forêt de la mer, site des compétitions d’aviron des Jeux olympiques de Tokyo, le 18 juillet 2021 © AFP/Archives Behrouz Mehri

« Au service du storytelling »

Les mesures sanitaires drastiques ont forcé les diffuseurs nationaux, à qui OBS fournit les images, à dépêcher moins de personnel au Japon, assurant une partie des opérations techniques comme la réalisation depuis leur propre pays.

Optimisant son dispositif comme la majorité des diffuseurs, France Télévisions envoie ainsi 180 collaborateurs sur place, contre 210 à Rio en 2016, un changement rendu possible grâce à l’adoption par OBS des technologies IP et du Cloud, permettant de manipuler à distance des fichiers informatiques toujours plus volumineux.

Mais « il est très important pour nous qu’une partie du dispositif reste sur place, notamment tout l’aspect éditorial et commentaire des épreuves », note M. Le Lay, qui précise que France Télévisions enverra plus d’une trentaine de journalistes et une quarantaine de consultants sportifs.