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La capsule Starliner sur la base militaire de White Sands au Nouveau-Mexique le 22 décembre 2019 © NASA/AFP

La capsule spatiale de Boeing, Starliner, sans équipage à bord, a atterri dimanche dans un désert de l’ouest des États-Unis, concluant sa mission d’essai en orbite sur un semi-échec alors qu’elle aurait dû s’amarrer à la Station spatiale internationale (ISS).

L’échec partiel de cette mission est un revers pour le géant de l’industrie aérospatiale, dont la réputation est ternie par deux accidents de son avion vedette 737 MAX, et pour la Nasa, qui compte sur ce véhicule pour envoyer dès 2020 ses astronautes dans l’ISS afin de rompre la dépendance envers la Russie, seul pays depuis 2011 à opérer des vaisseaux spatiaux habités, les Soyouz. Mais le patron de l’agence spatiale américaine, Jim Bridenstine, s’est voulu positif. « Nous avons eu quelques difficultés, mais beaucoup de choses se sont bien passées », notamment l’entrée dans l’atmosphère et l’atterrissage « en plein dans le mille » de la capsule, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. « Nous avons probablement rempli 85 à 90 % de nos objectifs », a renchéri Jim Chilton, vice-président de la division Espace de Boeing.

La Nasa doit désormais décider si le retour sans dommage de la capsule suffira à prouver que c’est un véhicule sûr pour y placer ses équipages.

Retard à l’allumage

Starliner a atterri sur la base de White Sands, un morceau de désert de l’armée dans le Nouveau-Mexique, à 5 h 58 (12 h 58 GMT). Sa descente, retransmise en direct par des caméras infrarouges, a été ralentie par trois grands parachutes, et l’atterrissage amorti par de grands airbags. La capsule avait été lancée vendredi de Cap Canaveral, en Floride sur la côte atlantique, par une fusée Atlas V, construite par United Launch Alliance. Peu après la séparation de la fusée, Starliner n’a pas allumé ses propulseurs comme prévu, et elle ne s’est donc pas placée sur la bonne trajectoire pour gagner en altitude et rattraper l’ISS, qui fait le tour de la Terre à 28 000 km/h, à environ 400 km d’altitude.

Le problème est dû au compteur de temps écoulé, qui affichait onze heures de retard et a fait croire à la capsule qu’elle était plus tard dans la mission. Agissant automatiquement, elle a tenté de corriger sa position et usé trop de carburant dans la manœuvre, empêchant la poursuite de la mission. Boeing et la Nasa ont donc décidé de la faire revenir prématurément, et de profiter des 48 heures en orbite pour tester le plus de systèmes possible, comme les propulseurs, les batteries, ou encore le système de climatisation de la capsule, conçue pour transporter quatre astronautes.

Malgré un retour réussi, Steve Stich, membre du programme commercial de l’agence, a refusé de confirmer le maintien du calendrier pour un premier vol habité de Starliner début 2020, avec à bord l’astronaute d’essai de Boeing, Chris Ferguson, et les astronautes de la Nasa Nicole Mann et Mike Fincke. « C’est peut-être possible de faire le pas suivant, un vol d’essai habité, mais nous devons d’abord étudier les données » recueillies lors de la mission, a-t-il souligné.

SpaceX, l’autre taxi

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Jim Bridenstine (Nasa) et Elon Musk (SpaceX) à l'usine de SpaceX à Hawthorne le 10 octobre 2019 © AFP Philip Pacheco

Jim Bridenstine est sous pression pour faire reprendre les vols habités lancés depuis les États-Unis après bientôt neuf ans d’interruption, sans compter le programme Artémis de retour sur la Lune en 2024, une date jugée irréaliste par beaucoup d’experts. « Je pense qu’on peut tout à fait le faire, et c’est ce à quoi nous nous attelons », a-t-il affirmé dimanche. Le dernier vol confirmé d’un astronaute américain est prévu en avril 2020 à bord d’une fusée Soyouz. La Nasa négocie pour des billets supplémentaires à l’automne 2020 et en 2021, car les États-Unis ne conçoivent pas de ne plus avoir d’astronautes dans l’ISS.

Depuis vendredi, Jim Bridenstine a choisi de mettre en valeur ce qui a bien fonctionné dans la mission actuelle : la coordination Nasa-Boeing, la bonne santé du véhicule, et le fait que si des astronautes avaient été à bord, ils auraient toujours été en sécurité. Quoiqu’il arrive avec Boeing, la société rivale SpaceX a développé sa propre capsule pour la Nasa, Crew Dragon. Elle a effectué un aller-retour vers l’ISS en mars dernier, et finalise en ce moment des tests de parachutes, dans le but d’obtenir l’homologation de la Nasa et d’effectuer son premier vol habité au début de l’année.