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Des plaquettes de Nivaquine, des comprimés contenant de la chloroquine, le 26 février 2020 à l’Institut des infections de l’IHU Méditerranée à Marseille © AFP/Archives Gérard Julien

La chloroquine pourra être administrée aux malades souffrant de « formes graves »   du coronavirus, mais ne doit pas être utilisée pour des formes « moins sévères », a statué lundi le Haut Conseil de santé publique (HCSP) selon le ministre de la santé, Olivier Véran. « Le Haut Conseil recommande de ne pas utiliser ce traitement en l’absence de recommandation, à l’exception de formes graves, hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance stricte », a-t-il annoncé hier soir lors d’un point presse sur l’évolution du coronavirus en France.

Le comité scientifique exclut « toute prescription dans la population générale ou pour des formes non sévères à ce stade, en l’absence de toute donnée probante ». Un arrêté encadrant précisément le recours à ce traitement, qui fait polémique, sera pris « dans les prochaines heures », a précisé le ministre. Cela étant, le HCSP « incite les médecins à inclure le plus possible de malades dans les différents essais thérapeutiques en cours dans notre pays, car c’est le moyen le plus sûr de déterminer rapidement si un traitement est efficace ou pas ». 

De son côté, l’AP-HP, qui réunit les 39 hôpitaux de la région parisienne, a mis en garde lundi soir contre « une utilisation désordonnée de multiples molécules sans contrôle et surtout sans possibilité de tirer des conclusions valides ». Cette institution « s’est déjà engagée dans plusieurs études, certaines utilisant l’hydroxy-chloroquine et la comparant à d’autres traitements, a précisé un communiqué signé de son directeur général, Martin Hirsch : pour être utiles, ces études doivent avoir des critères d’inclusion précis, correspondant aux différentes situations cliniques qui peuvent ou doivent être étudiées s’agissant de patients hospitalisés, de patients suivis en ambulatoires, de populations spécifiques ».

Par conséquent, « elle met solennellement en garde contre des utilisations non contrôlées de médicaments qui conduiraient non seulement à retarder le moment où il sera possible de trancher sur leur efficacité thérapeutique ou non (…) mais qui pourraient également compromettre toutes les autres études conduites ou à lancer ». Enfin, elle martèle que « le meilleur, voire le seul moyen, d’avoir des réponses utiles au plus grand nombre sur l’efficacité de médicaments, repose sur des études rigoureuses, qui peuvent utiliser différentes méthodologies interventionnelles et observationnelles, randomisées ou non randomisées ».

En France, plusieurs élus font monter la pression pour généraliser rapidement l’utilisation de la chloroquine. Mais des voix appellent à la prudence, insistant sur la nécessité d’attendre de vastes essais cliniques menés selon la stricte orthodoxie scientifique pour valider ou non le traitement.

De très nombreuses personnes se sont pressées lundi à Marseille, pour se faire tester par les équipes du professeur Didier Raoult qui préconisent ce traitement testé jusqu’ici sur un nombre très limité de patients (24).