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Un Tyrannosaurus rex au muséum d’histoire naturelle Smithsonian de Washington, le 4 juin 2019 © Getty Images North America/AFP WinMcNamee

Une controverse agite le monde de la paléontologie depuis trois décennies : existait-il une espèce naine de tyrannosaures ?

Un paléontologue du nom de Robert Bakker l’avait affirmé en 1988 en reclassifiant un spécimen découvert en 1942. Exposé au muséum d’histoire naturelle de Cleveland, il devint le premier membre d’une espèce nouvelle baptisée Nanotyrannus.

En 2001, une autre équipe découvrit le fossile presque complet d’un autre petit tyrannosaure près d’Ekalaka, dans le Montana, dans la célèbre formation de Hell Creek. Baptisé Jane, l’animal, à peine plus grand qu’un cheval de trait, fut rapidement décrit comme un Tyrannosaurus rex juvénile.

Mais une minorité de spécialistes continuaient à affirmer qu’il appartenait à cette espèce « pygmée », Nanotyrannus, en se fondant sur la morphologie du crâne et des os, différente de celle des T. rex adultes.

Dans une étude publiée mercredi par Science Advances, des paléontologues rapportent avoir procédé à une analyse microscopique de l’intérieur des os du tibia et du fémur de Jane, et d’un autre fossile moins complet, nommé Petey. Cette technique dite de paléohistologie a confirmé que les deux étaient des individus immatures, et non des adultes. Par extension, les auteurs jugent peu probable l’existence de Nanotyrannus.

« Les fossiles sont vraiment cool car les os se fossilisent jusqu’au niveau microscopique, explique à l’AFP Holly Woodward, de l’université de l’Etat de l’Oklahoma, qui a conduit l’étude. On peut inférer le rythme de croissance, l’âge et le niveau de maturité ». 

Les chercheurs ont également pu compter les anneaux des fémurs et tibias comme on les compte dans un tronc d’arbre pour en dériver l’âge : 13 ans pour Jane et 15 ans pour Petey.

L’étude complète ainsi nos connaissances encore limitées sur les 20 ans qui séparent l’éclosion des tyrannosaures de leur âge adulte. Jane, qui ne devait peser qu’une tonne, est morte juste avant la phase de croissance exponentielle, qui l’aurait amenée à la masse adulte d’environ 9,5 tonnes.

« Tout le monde adore les T. rex, mais on ne sait pas grand chose de la façon dont ils grandissent, précise Holly Woodward. C’est sûrement le dinosaure le plus célèbre du monde, mais on n’a principalement que des squelettes très grands ».

C’est la conséquence de la frénésie des collectionneurs et du public pour les T. rex les plus monstrueux possibles, au détriment de spécimens plus petits. Seuls cinq à sept fossiles de T. rex jeunes seraient aujourd’hui préservés dans le monde, dont certains dans des collections privées et inaccessibles aux chercheurs, regrette-t-elle.