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Une malade souffrant de paludisme se repose au camp de réfugiés de Kiryandongo, dans le nord-ouest de l’Ouganda, le 11 avril 2017 © AFP Esther Mabazi

Au Malawi a été donné le coup d’envoi du premier test grandeur nature du vaccin expérimental le plus avancé à ce jour contre le paludisme, une maladie qui fait chaque année plusieurs centaines de milliers de morts en Afrique. Aboutissement de plus de trente ans de travaux et d’un investissement d’un milliard de dollars, cette campagne vise à confirmer l’efficacité du vaccin sur des enfants âgés de moins de deux ans, les plus vulnérables à la malaria. Elle débute dans un centre de santé de la capitale malawite, Lilongwe, et se poursuivra la semaine prochaine au Ghana et au Kenya, les deux autres pays pilotes du programme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) espère vacciner 120 000 enfants dans chacun de ces trois pays d’ici 2020.

Baptisé Mosquirix ou « RTS,S », ce vaccin a été développé par le géant pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline et l’ONG Path, et financé par l’Alliance du vaccin (Gavi), le Fonds mondial de lutte contre le sida et le paludisme et l’Unicef. Lors des essais préliminaires menés de 2009 à 2015, il a permis de réduire de 39 % le nombre d’épisodes paludiques chez les enfants de 17 mois à 5 ans.

Son efficacité n’est donc que relative, mais chercheurs et autorités sanitaires espèrent que, associé aux moyens de prévention tels que les moustiquaires imprégnées de répulsif, il permettra de réduire significativement le nombre de victimes. Selon les statistiques de l’OMS, l’Afrique est de très loin le continent le plus touché par le paludisme, avec 90 % des 435 000 personnes tuées dans le monde en 2017 par cette maladie transmise par des moustiques.

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Le patron de Microsoft et philanthrope Bill Gates assiste à la vaccination d’un enfant à Ahentia, au Ghana, le 26 mars 2013 © AFP Pius Utomi Ekpei

« Mort en 24 heures »

Les enfants âgés de moins de 5 ans représentent plus des deux tiers de ces décès. « La malaria peut tuer un enfant en moins de vingt-quatre heures », rappellle le Dr Tisungane Mvalo, un pédiatre de Lilongwe membre de l’équipe scientifique conduite par l’université de Caroline du Nord (UNC) à Chapel Hill (États-Unis). « Et si l’enfant survit, la malaria peut affecter n’importe lequel de ses organes, causer des dommages à son cerveau ou à ses reins, a-t-il ajouté, la prévention restant nettement plus efficace que le traitement ». Le programme de vaccination s’inscrit dans le cadre des efforts déployés depuis les années 1990 pour éradiquer le paludisme. Entre 2000 et 2015, le nombre de personnes décédées de cette maladie a diminué de 62 % mais les moustiques qui la véhiculent craignent de moins en moins les insecticides. « Malgré les progrès de la dernière décennie, les efforts de contrôle du paludisme ont marqué le pas ces dernières années », met en garde le Dr Jonathan Juliano, un des chercheurs de l’UNC.

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Des habitants de Lilongwe, le 4 octobre 2018 © AFP Saul Loeb

« Dans certaines régions d’Afrique, les cas d’infection ont même augmenté. De nouveaux moyens sont nécessaires pour continuer à progresser vers l’éradication, et l’évaluation précise des vaccins expérimentaux en est un élément essentiel », poursuit le médecin. D’autres vaccins expérimentaux antipaludiques sont en cours d’évaluation dans le monde. En 2015, 114 millions de personnes au total ont été infectées par le parasite du paludisme en Afrique subsaharienne. L’objectif de l’OMS est de réduire le nombre de morts de 90 % en 2030 par rapport aux 429 000 décès enregistrés en 2015.