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La chlordécone est un insecticide massivement utilisée aux Antilles Françaises de 1972 à 1993. Son utilisation extensive et sa persistance dans l’environnement sont à l’origine d’une pollution massive des sols, des ressources en eau, ainsi que du littoral antillais et donc de nombreuses denrées locales, animales et végétales. L’exposition chronique à la chlordécone reconnue comme perturbateur endocrinien a été reliée à l’augmentation du risque de survenue du cancer de la prostate ainsi que du retard de développement chez les jeunes enfants.

Contrairement à ce que l’on pensait, la chlordécone se dégrade dans les sols. Une équipe du CEA vient d’identifier une vingtaine de produits issus de cette dégradation.

La chlordécone était réputée jusque-là non-biodégradable et sa contamination était estimée pouvoir durer plusieurs dizaines voire centaines d’années selon les types de sol.

Des chercheurs du CEA travaillant depuis dix ans sur la biodégradation de la chlordécone, ont identifié en laboratoire une vingtaine de produits de transformation de la chlordécone obtenus en présence de différentes bactéries. Après les avoir synthétisés en laboratoire, ils les ont ensuite recherchés dans l’environnement antillais (Martinique). Les résultats montrent la présence systématique de produits de transformation de la chlordécone dans tous les échantillons de sols contaminés par ce pesticide mais aussi dans les eaux de rivière, mangrove et sédiments de mangrove analysés.

Au total, 17 produits de transformation ont été identifiés, plusieurs présentent même des concentrations comparables à celles mesurées pour la chlordécone. Des expériences microbiologiques en laboratoire ont confirmé la capacité de chaque type de sols antillais à dégrader la chlordécone en quelques semaines. Ainsi, contrairement aux connaissances acquises jusque-là, la chlordécone se dégrade bel et bien dans les sols antillais et conduit à la libération progressive dans l’environnement de quantités importantes de produits de transformation.

Ces résultats modifient profondément la vision de la pollution et sa prise en charge et de nouvelles études sont nécessaires pour évaluer la toxicité de ces produits de transformation, étudier leur transfert possible vers l’alimentation et l’exposition de la population. Pour l’instant, cette découverte reste une bonne nouvelle en ouvrant une voie pour éliminer la chlordécone.