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Vue générale du chantier de construction de la centrale nucléaire de type EPR à Flamanville, dans la Manche (2016) © AFP/Archives C. TRIBALLEAU

Le groupe français EDF a annoncé mercredi de nouveaux retards et surcoûts pour le réacteur nucléaire de nouvelle génération EPR en construction à Flamanville (Manche).

"La date de chargement du combustible est décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. L’estimation du coût à terminaison passe de 12,4 milliards d'euros à 12,7 milliards", indique le groupe dans un communiqué.

Le réacteur de nouvelle génération de Flamanville, dont l'édification a débuté en décembre 2007, devait au départ être mis en service en 2012, mais son chantier a été affecté par de nombreux déboires et surcoûts. Le coût initial a quasiment été multiplié par quatre.

"Le point principal de décalage du planning est lié aux activités de reprise des soudures sur le circuit secondaire", qui se termineront fin août au lieu d'avril, a expliqué à des journalistes Xavier Ursat, directeur exécutif en charge de la direction Ingénierie et Projets nouveau nucléaire d'EDF. La crise du Covid a aussi eu "un impact diffus", a-t-il ajouté.

Ce nouveau retard ne constitue pas une totale surprise compte tenu des derniers problèmes rencontrés sur le chantier, notamment sur des soudures qui doivent être reprises. Le président de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) Bernard Doroszczuk avait déjà alerté l'an dernier sur l'absence de "marge" sur le calendrier.

"Ce sera difficile de tenir fin 2022", avait indiqué mardi la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

"Le gouvernement sera vigilant à ce qu’EDF tire les leçons des différents retards qu’a connu ce chantier afin d’améliorer son processus industriel", a indiqué le ministère mercredi. 

Cette annonce intervient alors que la France s'apprête à lancer un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires, comme l'a annoncé Emmanuel Macron le 9 novembre.

Ces nouveaux déboires pourraient donc compliquer la tâche de l'exécutif, qui doit encore détailler les contours de ces futurs chantiers avec une version améliorée de l'EPR (EPR2) pour une première mise en service "en 2035-2037".

Le nucléaire est l'un des thèmes clivants de la campagne présidentielle, avec des candidats favorables à cette énergie (notamment à droite, à l'extrême droite mais aussi au PCF) et d'autres hostiles (LFI et EELV en particulier).

Greenpeace a dénoncé un "énième retard qui disqualifie les annonces de nouveaux réacteurs". L'ONG demande "un moratoire sur les travaux de l’EPR de Flamanville, afin de conduire une évaluation en toute indépendance de la viabilité des réacteurs nucléaires EPR". 

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© AFP Vincent LEFAI

L'EPR de Flamanville est actuellement le seul en construction en France. Trois réacteurs EPR sont déjà entrés en fonctionnement dans deux pays : deux en Chine, à Taishan, et un en Finlande.

Un incident avait conduit en juillet à l'arrêt de l'un de ces réacteurs EPR à Taishan. EDF explique mercredi qu'il a subi "un phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages" de combustible et que cela "ne remet pas en cause le modèle EPR".

"Dans la perspective du démarrage de Flamanville 3, une solution déjà mise en œuvre sur le parc nucléaire en exploitation d’EDF, sera instruite avec l’Autorité de sûreté nucléaire française", indique le producteur d'électricité.

L'ASN avait en effet exigé de comprendre ce qui s'était passé en Chine avant de donner le feu vert pour le réacteur normand.

Outre ce dossier et les soudures, EDF a fait le point mercredi sur toutes les tâches (essais, finitions, feu vert de l'ASN) qu'il lui reste à effectuer avant le chargement du combustible, première étape du démarrage.

Après ce chargement, Flamanville doit encore franchir un certain nombre d'étapes avant une pleine mise en service commerciale. "Les premiers mégawattheures seront produits sur le réseau avant la fin de l'année 2023", a indiqué M. Ursat.