Asthme, infections pulmonaires, AVC... La pollution de l'air fait 7 millions de morts prématurées par an, poussant l'OMS à établir des limites plus contraignantes pour les principaux polluants de l'air, dont les particules en suspension. C'est la première fois que l'OMS met à jour ses lignes directrices mondiales sur la qualité de l'air depuis 2005. 

Image légendée
Un nuage de pollution obscurcit la vue sur la montagne Saadabad, au nord de Téhéran, le 13 janvier 2021 © AFP/Archives Atta Kenare

Depuis 16 ans, de nouvelles données ont montré « à quel point la pollution atmosphérique affecte toutes les parties du corps, et ce à des concentrations encore plus faibles que celles observées précédemment », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse. « Il n'y a rien de plus essentiel à la vie que l'air. Et pourtant, à cause de la pollution atmosphérique, le simple fait de respirer provoque 7 millions de décès par an », principalement dus à des maladies non transmissibles, a-t-il ajouté.

C'est pourquoi, l'OMS a abaissé la quasi-totalité de ses seuils de référence —­ juridiquement non contraignants ­— qui portent principalement sur les polluants dits classiques : les particules en suspension, l'ozone, le dioxyde d'azote, le dioxyde de soufre et le monoxyde de carbone.

Une des principales menaces environnementales

« La pollution de l'air est une menace pour la santé dans tous les pays, mais elle frappe surtout les populations des pays à revenu faible ou intermédiaire », a souligné le Dr Tedros, alors que les pays défavorisés sont confrontés à des niveaux croissants de pollution atmosphérique, dopée par une urbanisation à grande échelle et un développement économique qui repose surtout sur l'utilisation de combustibles fossiles.

Pour le Dr Hans Henri Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe, « l'air pur devrait être un droit humain fondamental et une condition nécessaire à la santé et à la productivité des sociétés ». Avec le changement climatique, la pollution de l'air est, selon l'OMS l'une des principales menaces environnementales pour la santé.

A quelques semaines du sommet décisif de la COP26 à Glasgow, Maria Neira, directrice du Département de l'environnement, des changements climatiques et de la santé de l'OMS, a souligné le lien entre la lutte contre le changement climatique et la pollution de l'air. « L'OMS prépare un très grand rapport qui sera présenté à la COP26 soulignant l'importance d'agir davantage pour atténuer les causes du changement climatique car cela aura d'énormes effets sur la santé en réduisant les niveaux de pollution de l'air », a-t-elle dit aux journalistes.

Chez l'enfant, la pollution atmosphérique pourrait entraver le développement des poumons, provoquer des infections respiratoires et aggraver l'asthme. Chez l'adulte, les cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux sont les causes les plus courantes de décès prématurés attribuables à la pollution de l'air extérieur.

90% de la population concernée

De nouvelles données, indique l'OMS, montrent que la pollution de l'air extérieur peut aussi être à l'origine du diabète et de maladies neurodégénératives. En termes de charge de morbidité, la pollution atmosphérique est donc comparable selon l'OMS à d'autres facteurs de risques importants pour la santé, tels que la mauvaise alimentation et le tabagisme.

Malgré tout, en 2019, plus de 90% de la population mondiale vivait dans des régions où les concentrations dépassaient les seuils de référence fixés par l'OMS en 2005 concernant l'exposition prolongée aux particules fines PM2,5 (diamètre est inférieur à 2,5 micromètres). L'OMS a d'ailleurs réduit de moitié leur seuil de référence.

En 2019, c'est dans la région de l'Asie du Sud-Est et dans la région de la Méditerranée orientale que les concentrations annuelles de PM2,5 pondérées en fonction du nombre d'habitants étaient les plus élevées.

Ces particules peuvent pénétrer profondément dans les poumons (tout comme les PM10), mais aussi dans la circulation sanguine. Les particules fines proviennent essentiellement de la combustion de carburant dans différents secteurs, notamment les transports, l'énergie et l'industrie et l'agriculture.