OpenAI, la start-up californienne derrière le robot conversationnel ChatGPT et le générateur d’images Dall-E 2, fait l’objet d’un intérêt grandissant du monde de la tech bien que son modèle financier reste à définir. Après avoir investi 1 milliard de dollars dans ce spécialiste des outils d’intelligence artificielle (IA), Microsoft serait sur le point d’injecter une somme 10 fois plus importante dans le cadre d’une levée de fonds, a révélé le site Semafor. Si l’opération se concrétise, la valorisation d’OpenAI pourrait alors atteindre la somme astronomique de 29 milliards de dollars. Pour l’heure, Microsoft et OpenAI n’ont pas confirmé ces informations.

« ChatGPT étant l’une des technologies d’IA les plus innovantes du secteur, Microsoft est clairement agressif sur ce front et ne compte pas être à la traîne pour un investissement dans l’IA qui pourrait changer la donne », affirme Dan Ives de Wedbush Securities. Le géant de l’informatique, qui ne fait guère mystère de ses ambitions en matière d’IA, a déjà intégré Dall-E 2 à plusieurs de ses applications. Il souhaite greffer ChatGPT à son moteur de recherche Bing et ainsi concurrencer celui de Google, croit savoir Bloomberg.

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OpenAI, la start-up californienne derrière le robot conversationnel ChatGPT et le générateur d'images Dall-E 2, fait l'objet d'un intérêt grandissant du monde de la tech © AFP/Archives Stefani Reynolds

Depuis le lancement de ChatGPT fin novembre, les prouesses de ce chatbot, capable de formuler en quelques secondes des réponses détaillées sur un large éventail de sujets, suscitent la curiosité et la fascination des internautes. Son succès tient en partie à l’habile stratégie marketing d’OpenAI, souligne le spécialiste de l’IA Robb Wilson, fondateur de la plateforme de développement de robots conversationnels OneReach.ai. « Mettre cette technologie à disposition des experts est une chose », souligne M. Wilson. « La proposer via une interface utilisateurs et permettre au grand public de jouer avec a été l’élément déclencheur » de la vague d’enthousiasme pour cet outil, poursuit-il.

Fondée fin 2015, OpenAI est dirigée par Sam Altman, un entrepreneur de 37 ans, ancien président de l’accélérateur de start-ups Y Combinator. L’entreprise a pu compter dès ses débuts sur le soutien financier de prestigieux contributeurs, dont le co-fondateur de LinkedIn Reid Hoffman, l’investisseur Peter Thiel ainsi qu’un certain Elon Musk. Le multimilliardaire a fait partie du conseil d’administration d’OpenAI jusqu’en 2018, mais l’a quitté pour se concentrer sur ses responsabilités chez Tesla. La start-up s’appuie également sur une équipe d’informaticiens et de chercheurs dirigée par Ilya Sutskever, un ancien cadre de Google, spécialiste de l’apprentissage automatique (machine learning).

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Sam Altman, PDG d'OpenAI, à Sun Valley, dans l'Idaho © GETTY/AFP/Archives Kevin Dietsch

Si les promesses d’OpenAI sont nombreuses sur le plan technologique, l’entreprise doit encore trouver le chemin de la stabilité financière. Créée comme association à but non lucratif, la start-up est devenue en 2019 une société « à but lucratif plafonné » afin d’attirer des capitaux. Lors de l’annonce de l’investissement de Microsoft, elle a également fait part de son intention de commercialiser ses technologies. Plus récemment, l’un des co-fondateurs d’OpenAI, Greg Brockman, a indiqué qu’une version payante de ChatGPT était dans les tuyaux. Celle-ci proposera des fonctionnalités avancées pour les utilisateurs, dont des réponses encore plus rapides.

La recherche de financement semble nécessaire pour une entreprise aux dépenses exorbitantes. Dans un échange sur Twitter avec Elon Musk début décembre, Sam Altman a reconnu que chaque conversation sur ChatGPT coûtait plusieurs cents à OpenAI. Selon les estimations de Tom Goldstein, professeur associé au département d’informatique de l’université du Maryland, l’entreprise débourse 100 000 dollars par jour pour son robot conversationnel, soit environ 3 millions de dollars par mois. Le partenariat avec Microsoft, qui fournit à la start-up ses services d’informatique à distance, pourrait réduire les coûts. « Dans tous les cas, ce n’est pas bon marché », a affirmé M. Goldstein.