Image légendée
Artefact découvert in situ sur le site de Bokol Dora : photo et reconstitution 3D © David R. Braun

La production d’outils en pierre remonterait à plus de 2,58 millions d’années, soit une date plus ancienne que l’estimation jusqu’alors retenue. C’est ce qui ressort des fouilles réalisées par une équipe internationale sur le site archéologique de Bokol Dora 1 (ou BD 1), en Éthiopie, qui ont permis de mettre au jour plusieurs outils de pierre aux arêtes vives. 

Les chercheurs ont établi que ces outils étaient bien les plus anciens artefacts attribués à « Oldowayen », la plus vieille technique de fabrication humaine d’outils répertoriée à ce jour. 

Certes, plus anciens sont les outils découverts au Kenya en 2015 (3,3 millions d’années), de technique plus frustre, dite « Lomekwi », mais ils ne sont pas attribués à l’espèce humaine, d’apparition réputée plus tardive. Ces outils primitifs – comme ceux utilisés par les chimpanzés et les singes – ont un rôle percussif : ils permettent de frapper des aliments comme les noix ou les crustacés afin de les manger.

Image légendée
Les fouilles du site de Bokol Dora en 2015. Des pierres ont été placées à la surface pour préserver les couches stratigraphiques © David Feary

En revanche, les fossiles éthiopiens de BD 1 révèlent la capacité de nos ancêtres humains à fabriquer d’une manière systématique de petits outils à arêtes vives à partir de gros nodules de pierre.

Pour les chercheurs, le tournant dans la technique – le passage « d’Oldowayen » à « Lomekwi » – se situe autour de 2,6 millions d’années, parallèlement à l’évolution de la dentition de nos ancêtres : en coupant les aliments avec des outils, les hommes les mâchent plus facilement et la taille de leurs dents commence alors à diminuer. 

Autre hypothèse avancée par les chercheurs : étant donné l’absence de ressemblance claire entre ces outils éthiopiens et les outils plus anciens, le plus probable est que l’évolution n’ait pas été linéaire. L’invention et la fabrication d’outils en pierre a donc sans doute eu lieu à plusieurs reprises, de différentes manières, avant de « devenir un élément essentiel de la lignée humaine ».