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(depuis la gauche) Le président Emmanuel Macron serre la main de la Burundaise Amanda Dushime, 18 ans, née avec le VIH, près du chanteur irlandais Bono et du fondateur de Microsoft Bill Gates, le 10 octobre 2019 à Lyon © AFP Ludovic MARIN

« On y est » : le président Emmanuel Macron a annoncé que l’objectif des 14 milliards de dollars avait été atteint pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans les trois ans à venir, au terme d’une conférence de refinancement jeudi 10 septembre à Lyon. Léger flottement sur les chiffres, toutefois : le chef de l’État a d’abord évoqué 13,92 milliards d’euros, l’Élysée évoquant ensuite des dollars, avant que le directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre ces pandémies, Peter Sands, avance le montant de 14,02 milliards de dollars.

Ce chiffre correspond aux promesses obtenues effectivement – 13,92 milliards de dollars – auxquelles M. Macron s’est engagé à ajouter rapidement 100 millions qui restent à trouver auprès des donateurs dont il juge la contribution trop modeste, à l’image du Japon. L’argent collecté est destiné à sauver 16 millions de vies supplémentaires – 32 millions l’ont déjà été – et à éviter 234 millions d’infections d’ici 2023.

L’objectif financier était loin d’être gagné jeudi matin. « On n’y est pas », avait constaté le chef de l’État en prenant la parole à la tribune. Et de mettre la pression sur plusieurs gouvernements pour trouver l’argent manquant, après avoir annoncé une hausse de 15 % de la contribution française, stable depuis 2010 à 1,08 milliard d’euros.

« Je ne laisserai personne sortir de cette pièce ou quitter Lyon tant que les 14 milliards n’auront pas été obtenus », avait-il lancé en sollicitant tout particulièrement Émirats arabes unis, Qatar et Arabie saoudite. Avec succès : ces trois pays ont augmenté leur contribution, ainsi que l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Luxembourg, l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Le Fonds, créé en 2002, a également enregistré l’arrivée de nouveaux contributeurs, surtout africains : dans l’ensemble, les pays d’Afrique ont apporté « deux fois plus » que la dernière fois, a souligné M. Macron.

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Le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, prononce un discours à Lyon, le 9 octobre 2019 © AFP JEFF PACHOUD

La Russie et l’Amérique latine manquent, elles, complètement à l’appel. Le directeur exécutif du Fonds mondial, Peter Sands, s’est néanmoins dit « très fier » de l’argent récolté. « Dès demain nous nous concentrerons sur la meilleure façon de l’utiliser », a-t-il dit.

« Historique »

Un collectif de 12 organisations de la société civile, dont Aides, Oxfam, Solidarité sida ou Sidaction, avait réclamé une hausse « d’au moins 25 % » pour la France. Pour atteindre les 14 milliards, la France a finalement rallongé sa participation de 20 % à 1,29 milliard d’euros (1,43 milliard de dollars), tandis que le milliardaire américain Bill Gates, premier donateur privé qui avait déjà porté sa contribution à 700 millions de dollars, la rallongeait d’un montant équivalent à celui de la France.

Plusieurs ONG se sont dites satisfaites du montant obtenu. « C’est un soulagement qu’on soit arrivé à ce minimum de 14 milliards de dollars », a jugé Marc Dixneuf, directeur général d’Aides, pour qui néanmoins « ce n’était pas un objectif très ambitieux ».

« Nous considérons que c’est un succès. Indépendamment de l’argent, ce que nous avons relevé, c’est vraiment cet élan de solidarité et la mobilisation de tous », a souligné Abdourahmane Diallo, président du Partenariat RBM Pour en finir avec le paludisme.

« Impossible n’est pas français, vive la France », a lancé le chanteur irlandais Bono, engagé à travers l’initiative RED, en qualifiant le moment « d’historique ». Pour Sidaction, « l’objectif n’a pas été complètement atteint » mais l’ONG prend acte de l’engagement pris à lever l’argent manquant d’ici le 1er décembre (journée mondiale contre le sida).

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Graphique montrant le nombre de cas de tuberculose en 2017, dont les 558 000 cas de tuberculose multirésistante © AFP John SAEKI

« Relâchement »

« La France n’a aucun mérite d’accueillir cette conférence à Lyon car personne n’en voulait (...) Dans beaucoup de pays qui donnaient historiquement (...) il y avait le risque d’un relâchement », avait souligné M. Macron en début de matinée. À ses côtés, Amanda Dushime, 18 ans, une Burundaise née avec le VIH, avait mis d’entrée les participants devant leurs responsabilités.

« Notre vie a de la valeur, vous ne devez jamais l’oublier », a lancé cette ambassadrice du réseau « Grandir ensemble ».

« Le palu continue à ôter la vie à un enfant toutes les deux minutes, nous sommes plus proches que jamais de le vaincre, mais il faut accélérer », a dit Elhadj Diop, un Sénégalais engagé dans la lutte contre cette maladie depuis la mort de sa fille il y a 20 ans.

Les trois pandémies font encore près de trois millions de morts par an, dont 1,6 million pour la tuberculose en 2017 et plus de 435 000 pour le paludisme. En 2018, près de 38 millions de personnes vivaient avec le VIH et le nombre d’infections, de l’ordre de 1,7 million, « reste inacceptable », selon le Fonds.