Le fossile d'une espèce disparue de kangourou a révélé d’étonnantes capacités à grimper aux arbres, il y a environ 50 000 ans, dans une plaine d’Australie aujourd’hui… dépourvue d’arbres, selon une étude parue mercredi 24 mars 2021.

Image légendée
Les fossiles d'un kangourou qui savait grimper aux arbres, découverts dans le sud-ouest de l'Australie © Murdoch University/AFP/Archives Natalie Warburton

Cette découverte doublement incongrue, décrite dans Royal Society Open Science, a été réalisée grâce à une nouvelle analyse de fossiles de petits kangourous, découverts dans l’immense plaine aride de Nullarbor (« nul arbre » en latin), dans le sud-ouest de l’Australie.

Les paléontologues ont travaillé sur deux squelettes quasi complets – un mâle, une femelle –, classés à tort comme Wallabia kitcheneri, et les ont reclassés dans le sous-genre nouvellement nommé de Congruus kitcheneri, une espèce éteinte. En étudiant sa morphologie – puissante adduction des membres antérieurs et postérieurs, mains robustes aux griffes recourbées – ils ont déduit que le marsupial de 40 kilos était adapté pour grimper aux arbres, et se déplacer lentement à travers ceux-ci. 

Une curiosité biologique, car Congruus kitcheneri n’était pas à proprement parler un kangourou arboricole, comme le dendrolague, un lointain cousin des marsupiaux qui peuple aujourd’hui les forêts de Nouvelle-Guinée : parmi la soixantaine d’espèces vivantes de kangourous, wallabies et autres marsupiaux de la famille des macropodidés, toutes ont évolué en sautant sur la terre ferme. « Je me souviens d’avoir regardé les os des mains et des pieds, avec ces grosses griffes recourbées, et avoir dit à mon collègue : vous n’allez probablement pas me croire, mais je pense que l’animal grimpait aux arbres !” », se souvient Natalie Warburton, chercheuse au Centre de recherche sur les écosystèmes de l’université Murdoch, à Perth.

Ce qui a favorisé la sélection de ces capacités reste à élucider. « Grimper aux arbres devait requérir beaucoup d’énergie et des muscles puissants pour se hisser, explique la chercheuse, avant d’ajouter : Il devait y avoir eu de très bonnes ressources alimentaires dans les arbres pour que cela en vaille la peine ». La découverte, selon elle, « nous dit également que l’habitat et l’environnement dans la région au cours des 50 000 à 100 000 dernières années étaient vraiment différents de ce qu’ils sont maintenant », une plaine au climat quasi-désertique.

Les fossiles se sont retrouvés dans les grottes de Thylacoleo, du nom du lion marsupial, une espèce éteinte de mammifères carnivores occupant la région il y a près de deux millions d’années, et disparue à peu près en même temps que le kangourou grimpeur.