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Un chacal doré a été observé fin 2020 dans les Deux-Sèvres, troisième localisation de ce canidé en France, confirmant une colonisation vers l'Occident © AFP/Archives Joseph Eid

Un chacal doré, carnivore moyen à mi-chemin entre renard et loup, présent historiquement d’Asie à l’Europe mais pas en France, a été observé fin 2020 dans les Deux-Sèvres, troisième localisation de ce canidé dans le pays, confirmant une colonisation vers l’Occident, ont annoncé mardi les autorités. Le 31 décembre, « un piège photo a enregistré une vidéo attestant de la présence d’un chacal doré sur la commune de Clussais-la-Pommeraie », dans le sud du département limitrophe de la Charente, ont indiqué la préfecture des Deux-Sèvres et l’Office français de la biodiversité (OFB).

Des experts internationaux de l’espèce du chacal doré (Canis aureus), dont ceux de l’OFB, ont été sollicités pour authentifier l’animal, à partir des images de la fédération des chasseurs des Deux-Sèvres. Le chacal doré, explique l’OFB, présente une morphologie intermédiaire entre le renard roux et le loup gris (taille, silhouette, couleurs, empreintes, fèces...). Il peut peser de 7 à 17 kg avec une hauteur au garrot de 45-50 cm, plus grand qu’un renard, mais avec une queue plus courte et moins touffue. « Son apparence, son pelage, est un peu plus proche du loup, mais son comportement, son alimentation, le rapprochent plutôt du renard », expliqué Yoan Bressan, spécialiste « Petits et moyens carnivores » à l’OFB. « C’est un charognard et un prédateur opportuniste comme le renard, qui peut chasser des petites proies », vit plutôt isolé ou en couple qu’en meute comme le loup, avec « un comportement de discrétion similaire au renard roux », ajoute-t-il. Privilégiant petites proies et charognes, il ne peut « représenter qu’exceptionnellement une menace pour des troupeaux, une brebis c’est déjà gros pour lui ».

Présent historiquement sur une vaste aire depuis l’Asie jusqu’en Europe du Sud-Est, le chacal a depuis une cinquantaine d’années entamé une phase de colonisation progressive vers le nord et l’ouest, depuis les Balkans. En France, des observations d’individus isolés ont été authentifiées en Haute-Savoie à trois reprises, en 2017, 2018 et 2019, et une autre confirmée fin 2020 dans les Bouches-du-Rhône. Avec l’animal des Deux-Sèvres, ce sont « les indices de présence les plus occidentaux connus à ce jour », selon l’OFB. Au terme de la directive européenne Faune-Habitat de 1992, le chacal doré fait « partie du patrimoine naturel européen », s’il n’est pas menacé, les états ont obligation de « maintenir sa population en bon état de conservation ». En France, où il est considéré comme « espèce nouvelle », mais « pas exotique introduite par l’homme », il n’est « ni chassable ni piégeable ».