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Une fusée Soyouz décolle du pas de tir de Sinnamary en Guyane, le 18 décembre 2019 © AFP/Archives Jody Amiet

Une fusée Soyouz a placé avec succès en orbite mardi le satellite d’observation militaire français CSO-2, selon une retransmission sur le site d’Arianespace. Le lanceur a décollé à l’heure prévue (13 h 42 à Kourou, 17 h 42 à Paris) et a rempli sa mission en lâchant le satellite sur son orbite après une mission de 59 minutes. 

Le tir, initialement prévu lundi, avait dû être repoussé d’un jour en raison de vents d’altitude défavorables. Covid oblige, son succès a été fêté par des coups de coude dans la salle de contrôle du pas de tir de Sinnamary en Guyane française.

CSO-2, d’une masse de 3562 kg au décollage, va travailler pendant dix ans sur une orbite basse de 480 kilomètres d’altitude, depuis laquelle il pourra identifier par exemple un armement léger. Il fournira des images « à très haute résolution dans les domaines visible et infrarouge, par temps clair, diurne ou nocturne », selon un communiqué du Centre national d’études spatiales (Cnes), qui en est le maître d’ouvrage avec la Délégation générale de l’armement.

C’est l’un des trois satellites de la constellation CSO (composante spatiale optique), visant à remplacer les satellites militaires d’observation Hélios 2A et Helios 2B, respectivement lancés en 2004 et 2009, et toujours opérationnels. Cette constellation fournit des images utiles pour le renseignement (permettant par exemple d’évaluer des forces ennemies), le ciblage (en fournissant des coordonnées de géolocalisation précises) et des données géographiques détaillées sur des théâtres d’opération.  

Construit par Airbus Defense and Space France, avec un instrument optique fourni par Thales Alenia Space, il représente avec CSO-1 « un vrai saut générationnel », a déclaré Paul Arberet, chef du projet CSO au Cnes.

CSO-1, lancé en décembre 2018 est positionné à 800 kilomètres d’altitude, tout comme le sera CSO-3, dont le lancement est prévu fin 2021. Ces deux derniers sont affectés à des missions dites de « reconnaissance », alors que CSO-2, positionné plus bas, aura une mission d’« identification ».

Si la résolution de ses instruments optiques est classifiée, « son positionnement à mi-distance offrira une résolution deux fois plus importante » que CSO-1 et CSO-3, permettant « d’identifier un armement sur un pick-up », explique à l’AFP M. Arberet.

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Soyouz gagne le ciel depuis le Centre spatial européen de Kourou, en Guyane française, le 18 mai 2017 © AFP/Archives Jody Amiet

Les données de la constellation de satellites CSO sont accessibles à des partenaires européens – Allemagne, Belgique, Italie, Suède –, via des accords bilatéraux avec la France. La Suisse est sur le point de rejoindre cette communauté d’utilisateurs.

Si CSO-1 et CSO-2 ont été lancées avec l’aide d’une fusée russe, CSO-3 le sera avec le lanceur Ariane-6, selon Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, société chargée de la commercialisation des vols de Soyouz. « Progressivement (les futures fusées européennes) Ariane 6 et Vega C prendront le relais pour les missions institutionnelles européennes », a-t-il dit à l’AFP.

La France a engagé un effort pour muscler sa présence militaire dans l’espace et prévoit d’y consacrer 4,3 milliards d’euros dans le cadre de sa loi de programmation militaire 2019-2025. La ministre de la Défense, Florence Parly, a annoncé en juin 2019 le lancement d’études pour les futures générations de satellites militaires.

L’un de ces programmes, baptisé « Iris », aura vocation à succéder aux satellites de la constellation CSO. Un autre programme, du nom de « Céleste », prendra le relais des satellites CERES de renseignement d’origine électromagnétique.

Les différentes composantes de cette présence (et des moyens pour la protéger) sont regroupées dans un commandement militaire de l’espace, dont la création a été annoncée par le président Emmanuel Macron en juillet 2019.