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Valneva utilise un vaccin à virus désactivé, une technologie plus classique que l'ARN et qui sert pour les vaccins contre la grippe © AFP/Archives JUSTIN TALLIS

Le gouvernement britannique a « résilié » son contrat portant sur 100 millions de doses du candidat-vaccin du laboratoire franco-autrichien Valneva contre le Covid-19, une énorme déception pour ce groupe qui misait beaucoup sur cette commande, qui était sa seule et unique à ce jour.

« Le contrat inclut une clause permettant au gouvernement britannique d’y mettre fin. Il prétend de plus que Valneva a manqué à ses obligations, ce que Valneva conteste vigoureusement », indique le laboratoire basé près de Nantes (ouest de la France) dans un communiqué annonçant la nouvelle, sans donner plus de détails.

De son côté, Londres n’a à ce stade fourni aucune explication.

Le titre de la biotech a très lourdement chuté à l’ouverture de la Bourse de Paris et perdait à 9h20 plus de 40 %, à 12 098 euros.

Contre le Covid-19, Valneva développe un vaccin à virus désactivé, une technologie plus classique que l’ARN messager et qui sert notamment pour les vaccins contre la grippe chaque année. 

Le laboratoire avait soumis en août sa demande d’autorisation auprès des autorités de santé britanniques pour son candidat-vaccin, le VLA2001.

« Valneva a travaillé sans relâche, et s’est investi au maximum de ses capacités, dans sa collaboration » avec le gouvernement britannique, « notamment en engageant des ressources significatives et en montrant une très forte implication afin de répondre à [ses] demandes sur des vaccins adaptés aux variants », met en avant lundi le laboratoire.

Le Royaume-Uni avait été le premier à soutenir Valneva en lui passant commande l’an dernier : d’abord pour 60 millions de doses, puis 40 millions supplémentaires, pour 2021-2022.

Ce pays « a répondu en premier, en grande partie sans doute, car nous y étions déjà implantés, et aussi, car ils ont cru tout de suite dans notre vaccin inactivé. Ils ont été les premiers à réagir et à nous faire une proposition structurée d’aide. Ils ont pris tous les risques sur le programme », s’était félicité en début d’année Franck Grimaud, le directeur général de Valneva, dans un entretien à l’AFP.

Fin août, la biotech avait indiqué que, sur la base des essais de phases I et II (sur un nombre relativement réduit de volontaires), elle espérait « avoir un vaccin qui soit efficace de manière supérieure à 80 % ». 

« Selon moi, c’est certainement plus une décision politique qu’une prise de position médicale et scientifique : quand on regarde ses résultats, Valneva est loin d’être ridicule et se défend très bien en termes d’efficacité » contre le Covid, a estimé Rafi Mardachti, PDG d’Universal Medica Group, société de conseil dans l’industrie pharmaceutique, dans une réaction à l’AFP.

Le laboratoire rappelle lundi que ses résultats des essais de phase III, la dernière — destinée à prouver l’efficacité réelle du vaccin avant une éventuelle mise sur le marché — sont attendus au début du quatrième trimestre, soit potentiellement dans quelques semaines.

Ces résultats feront partie de la soumission progressive du dossier de demande d’autorisation conditionnelle de VLA2001 auprès de l’agence de santé britannique. Sous réserve des résultats de phase III et de l’approbation de cette agence, « Valneva pense qu’une autorisation initiale de mise sur le marché de VLA2001 pourrait être obtenue fin 2021 ».

Le groupe indique qu’il « continue à être pleinement engagé dans le développement » de son candidat-vaccin et qu’il « va accroître ses efforts avec d’autres clients potentiels afin de s’assurer que son vaccin inactivé puisse être utilisé dans la lutte contre la pandémie».

Fin août, Franck Grimaud avait affirmé que des discussions avec l’Union européenne étaient par ailleurs « toujours en cours ».

Au cours du premier semestre 2021, la biotech a triplé sa perte nette, portée à 86 millions d’euros. Elle s’était expliquée en mettant en avant un recul des ventes de ses vaccins commerciaux durant la pandémie et de gros efforts d’investissements sur une série de candidats-vaccins, contre le Covid-19, mais aussi contre le chikungunya et la maladie de Lyme.

En revanche, la trésorerie du groupe avait gonflé de plus de moitié au 30 juin pour atteindre 329,8 millions d’euros, un afflux d’argent notamment lié au partenariat avec le gouvernement britannique sur le vaccin contre le Covid-19 et à son introduction en Bourse à New York en mai dernier.

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson lors d'une visite sur le site du laboratoire Valneva à Livingston, en Ecosse, le 28 janvier 2021 © POOL/AFP/Archives Wattie Cheung