Panne de batterie ?

Une épave au milieu du désert de l’Utah… voilà ce qui reste de la sonde américaine Genesis, de retour sur Terre après avoir passé trois années dans l’Espace à collecter des « poussières de Soleil ».

À 33 kilomètres d’altitude, son parachute stabilisateur devait se déployer, relayé six minutes plus tard par son parachute principal. Mais rien. Aucun des deux parachutes ne s’est ouvert. Et, à une vitesse de plus de 160 km/h, la capsule s’est littéralement plantée dans le sol.

Un échec mal venu

Le crash, nouvel échec de la Nasa après l'accident de la navette Columbia en février 2003, intervient à un très mauvais moment. Le Congrès, déjà sceptique face aux grands objectifs d’exploration de la Lune et de planètes du système solaire fixés à la Nasa par le président Bush, doit bientôt examiner les modifications apportées à la navette afin de déterminer si celle-ci est prête à revoler. Or, l’Agence spatiale américaine n’a rempli qu’environ un tiers des conditions de sécurité fixées par la commission d’enquête sur l’accident de la navette Columbia. Nul doute que l’accident de Genesis va rendre le Congrès plus sourcilleux sur la sécurité des prochaines missions, habitées ou non.

Trois années dans l'Espace

Lancée en août 2001, Genesis a été envoyée dans l’Espace afin de capturer les particules émises par le Soleil et constituant le « vent solaire ».

« Cela fait des années que nous voulons connaître la composition exacte du Soleil », souligne Don Burnett, géochimiste nucléaire à l'institut de technologie de Californie. Ces poussières de Soleil ont en effet un grand intérêt dans l’étude de la formation de notre système solaire, il y a 4,5 milliards d’années.

Genesis a ainsi été envoyée à 1,5 million de kilomètres de notre planète, au « point de Lagrange L1 », une région de l’Espace où les forces gravitationnelles du Soleil et de la Terre s’équilibrent. Ce site présente plusieurs avantages : il permet d’observer sans discontinuité le Soleil ; il n’est pas trop éloigné de notre planète, mais suffisamment pour ne pas être perturbé par la ceinture magnétique de la Terre qui, justement, nous protège du vent solaire.

Durant 884 jours, la sonde a mesuré la vitesse, la densité et la composition atomique du vent solaire. Grâce à ses collecteurs de particules (composés de diamant, d’or, de silicium et de saphir !), elle a également piégé quelque « milliards de milliards d'atomes », selon Don Burnett, responsable du projet. C’est ce précieux chargement, de quelques microgrammes seulement, que les chercheurs tentent aujourd’hui de sauver.

Peut-on encore sauver la mission ?

Durant l'entraînement... Deux hélicoptères, conduits par des pilotes rompus aux acrobaties des tournages hollywoodiens s'étaient entraînés longuement pour récupérer en vol la capsule et protéger ainsi sa précieuse cargaison. Une récupération possible uniquement après l'ouverture du parachute principal... © Nasa / JPL

Étonnamment, Genesis n’a pas explosé lors de son arrivée au sol. Mais le précieux chargement a-t-il pu résister à un tel choc ?

La récolte de particules solaires était considérée comme particulièrement fragile. À tel point que les ingénieurs de la Nasa avaient prévu que la sonde serait récupérée en vol par des hélicoptères afin de lui éviter le choc de l’atterrissage. Alors que peut-on espérer après la violence d'un tel impact ?

Les échantillons sont en cours d'examen © Nasa / JPL

La cartouche contenant les échantillons « a été éventrée sur environ 20 centimètres » et « une partie de son contenu en est sorti », reconnait David Lindsom, scientifique de la mission au siège de la Nasa. « Nous sommes malgré tout très confiants dans la possibilité de récupérer des éléments, explique-t-il, parce que les particules solaires sont implantées dans les collecteurs en céramiques ».

Les échantillons ont ainsi été transportés à la base de Dugway Proving Ground, non loin du site du crash, pour y être nettoyés. Plusieurs jours seront nécessaires pour déterminer s’ils sont utilisables.

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