Chasseur d'exoplanètes, le télescope Kepler surveille les fines variations lumineuses des étoiles pour détecter le passage de planètes en orbite autour d'elles. C'est la méthode dite « du transit ». Le phénomène observé est donc une sorte d'infime éclipse... enfin habituellement.
KIC 8462852, elle, défie toutes les observations conduites à ce jour. Cette étoile, à peine plus volumineuse que notre Soleil, est située à 1480 années-lumière de la Terre. Dans cette région du ciel très observée (la constellation du Cygne), tout semblait normal jusqu’à ce que des variations de son signal lumineux, parfaitement incongrues, commencent à intriguer les scientifiques. Une étude internationale en attente de publication, co-signée par des astronomes professionnels et des amateurs, a compulsé les quatre années d'observation du satellite. Leurs travaux montrent que KIC 8462852 connaît des chutes brutales de luminosité (jusqu'à 22 % du flux), totalement imprévisibles et de durée variable. À titre de comparaison, signalons qu’une planète géante de la taille de Jupiter masquerait à peine 1 % de cette étoile...

Obscur casse-tête

Ces assombrissements brutaux placent les astronomes face à un casse-tête sans précédent depuis le début de la mission Kepler. « L’équipe qui s'apprête à publier ces observations avance plusieurs hypothèses, explique Frédéric Baudin, de l’Institut d’astrophysique spatiale (CNRS/université Paris-Sud), comme la présence de débris ou de disques de poussières autour de l’étoile. Mais cela est peu probable car on s’attendrait, en pareil cas, à observer un rayonnement dans l’infrarouge, ce qui n’est pas le cas.  La seule hypothèse plausible, pour le moment, semble être la dislocation d’une comète assez loin de l’étoile… Mais elle n’est guère satisfaisante, étant donné l’amplitude de l’occultation observée par le satellite ».
Quant à l’astronome Jason Wright, de l’université Penn State (Pennsylvanie), il n'hésite pas à imaginer un scénario de science-fiction : et si cet énigmatique phénomène était le fruit d’une technologie extraterrestre ? Selon lui, des objets de très grande taille, conçus par une civilisation avancée, pourraient éclipser l’étoile pour en capter l’énergie. Cette hypothèse s’inspire d’une superstructure théorique imaginée en 1960 par le physicien et mathématicien américano-britannique Freeman Dyson, la « sphère de Dyson ».

L’institut Seti (Search for Extraterrestrial Intelligence), qui travaille sur l'origine et la nature de la vie dans l'Univers, a commencé à « écouter » l'étoile à la mi-octobre, pour savoir si des émissions d'ondes radio confirmaient la présence d’une vie extraterrestre intelligente. Les paraboles et les astrophysiciens resteront sans doute tournés vers cette fascinante étoile jusqu’à ce que lumière soit faite…