Du phoque, du phoque, du phoque : le menu de l’ours blanc est assez monotone, y compris durant la belle saison, au printemps, lorsque les conditions climatiques sont réputées idéales. C’est le phoque qui fournit ses réserves en graisse et donc en énergie au plus grand prédateur des pôles. 
Pour le chasser, l’ours polaire se place sur la surface de la banquise et attend que sa proie passe à sa portée, dans l’eau. Or la banquise, dans l’Arctique, se rétrécit de 14 % tous les dix ans. Quelles en sont les conséquences sur l’alimentation de l’ours blanc ? 
Pour le savoir, des chercheurs américains ont capturé neuf femelles en avril 2014, 2015 et 2016 en mer de Beaufort. Ils ont mesuré leur métabolisme lors de tests sanguins et urinaires. Ils ont ensuite équipé les ourses de colliers GPS permettant de filmer leurs activités et de suivre leurs déplacements, avant de les relâcher dans la nature. Huit à onze jours plus tard, ils ont à nouveau capturé ces mêmes animaux et procédé à des analyses identiques. Leur étude est rapportée dans la revue Science du 2 février. 

Résultat : le métabolisme de ces plantigrades, c’est-à-dire leurs besoins en nourriture et donc en énergie, est supérieur de 1,6 fois à ce que pensaient les biologistes jusque-là. En outre, sur les neuf mammifères capturés, quatre ont perdu 10 % de leur masse corporelle en huit à onze jours, soit une perte moyenne quotidienne de 1 %. C’est quatre fois plus que leurs cousins vivant sur le continent et soumis à un jeûne.
Le mécanisme physiologique ainsi mis en évidence contribue à expliquer le déclin très significatif de la population d’ours blancs : - 40 % durant la dernière décennie, estiment les autorités américaines. Le réchauffement climatique risque donc d’aggraver encore la vulnérabilité de ces grands carnivores des pôles.