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Une psicine de stockage de combustibles nucléaires à La Hague le 5 juin 2018 © AFP/Archives Charly Triballeau

Une concertation préalable du public s’est ouverte lundi au sujet d’un projet d’immense piscine de combustibles nucléaires à La Hague (Manche) qui vise à répondre au risque de saturation des bassins actuels, a constaté l’AFP. Chacun peut, jusqu’au 18 février, via le site internet projet-piscine.edf.fr, s’exprimer sur ce projet de bassin qui vise à « éviter la saturation » des piscines actuelles de La Hague (Manche), selon la commission nationale du débat public. Une première réunion publique est en outre prévue lundi en présentiel à 19 h 30 à Beaumont-Hague. 

La piscine, dont le coût est évalué à 1,25 milliard d’euros, aurait une capacité de 6500 tonnes de combustibles. Les bassins actuels en comptent un peu moins de 10 000 tonnes, l’équivalent de cent cœurs de réacteurs. Un deuxième bassin est envisagé à côté du premier soumis à la concertation. Tous les combustibles irradiés dans les centrales françaises pour produire de l’électricité convergent vers les piscines de la Hague pour y refroidir, avant d’être retraités par Orano.

Le lancement de ce projet d’EDF est « vraiment urgent », face aux risques de saturation des bassins actuels, estimait en juin 2020 l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Si les bassins sont pleins, les réacteurs doivent progressivement s’arrêter. Le parti EELV et l’association Greenpeace sont opposés à ce projet et prônent un entreposage des combustibles usés, à sec, à côté de chaque centrale, sans retraitement, comme cela se fait à l’étranger. 

Pour EDF et Orano, le retraitement vise à réduire le volume des déchets nucléaires. Mais pour les écologistes, ce n’est pas le cas et le retraitement est pour eux une opération « extrêmement polluante ». Selon eux, les combustibles recyclés fabriqués par Orano à partir des combustibles usés, sont dans les faits très peu utilisés. Le sénateur PS de Cherbourg, Jean-Michel Houllegatte, est quant à lui favorable à ce projet. L’unité recyclage d’Orano emploie 4800 personnes en France.

Dans un rapport parlementaire publié en 2018, Barbara Pompili, alors députée LREM, avait indiqué « continuer de s’interroger sur la nécessité de construire, à grand frais, une piscine centralisée dotée de deux bassins ayant pratiquement chacun la taille d’un terrain de football ». « Une question lourde se pose : est-ce raisonnable de laisser une telle quantité de matière nucléaire au même endroit ? », avait cette année-là déclaré l’élue après avoir visité La Hague. « Le retraitement constitue une exception française qui contribue à l’accroissement des risques en matière de sûreté et présente une pertinence économique contestable », écrivait Mme Pompili dans son rapport préconisant d’étudier la piste de l’entreposage à sec.