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De gauche à droite: Shannon Walker, Victor Glover, Mike Hopkins, Soichi Noguchi, le 15 novembre 2020 à bord de la capsule Dragon © SPACEX/AFP Handout

Trois astronautes américains et un japonais étaient en chemin lundi vers la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’une fusée SpaceX, le nouveau moyen de transport spatial de la Nasa après neuf ans de dépendance envers la Russie. « C’est un grand jour pour les États-Unis d’Amérique et pour le Japon », a déclaré Jim Bridenstine, chef de la Nasa, lors d’une conférence de presse.

Une fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé à l’heure prévue dimanche soir du centre spatial Kennedy avec Michael Hopkins, Victor Glover, Shannon Walker et Soichi Noguchi sanglés dans la capsule fixée au sommet. « C’était un sacré lancement », a commenté le commandant Michael Hopkins, une fois en orbite. Le premier étage s’est détaché rapidement avant de revenir amerrir sur un navire-drone, la marque de fabrique de SpaceX. Douze minutes après le décollage, à 200 km d’altitude et une vitesse de 27 000 km/h, la capsule elle-même s’est détachée du second étage. SpaceX a confirmé qu’elle était sur la bonne orbite pour rejoindre l’ISS un peu plus de 27 heures plus tard, vers 4 h GMT mardi. « Elle opère comme il faut », a confirmé la numéro deux de SpaceX, Gwynne Shotwell, lors d’une conférence de presse. Mais « on poussera un soupir de soulagement dans 26 heures environ, quand nous remettrons l’équipage à la Nasa ». Ils retrouveront dans la station deux Russes et une Américaine, et resteront six mois dans le laboratoire orbital, filant autour de la Terre à 400 km au-dessus des océans.

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La capsule Crew Dragon de SpaceX © AFP

Ce premier vol « opérationnel » fait suite à la mission de démonstration réussie de mai à août, lors de laquelle deux astronautes américains ont été emmenés dans l’ISS puis ramenés sur Terre sans encombre par SpaceX, première société privée à accomplir cette prouesse technologique. Au total, SpaceX doit lancer deux autres vols habités en 2021 pour la Nasa, dont au printemps avec l’Européen Thomas Pesquet, et quatre missions de ravitaillement cargo dans les 15 prochains mois. Une mission purement privée, via le partenaire Axiom Space, est également prévue fin 2021 – alors que la Nasa a laissé entendre que Tom Cruise pourrait se rendre dans l’ISS, ce qui n’a pas été confirmé. Et SpaceX pourrait également ajouter « une autre mission amusante, je vous en parlerai plus tard », a glissé Mme Shotwell. « La Nasa était un désastre fini quand nous avons pris les choses en main. Aujourd’hui, c’est le centre spatial le plus couru et le plus avancé du monde, de loin ! », a tweeté le président Donald Trump, s’appropriant le succès d’un programme lancé sous ses deux prédécesseurs.

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L'astronaute Soichi Noguchi, l'un des quatre à bord de la fusée SpaceX, en route vers le pas de lancement, le 15 novembre 2020 © Gregg Newton/AFP Gregg Newton

L’homme qui le remplacera en janvier, Joe Biden, a également félicité la Nasa et SpaceX, mais sous un autre angle. « C’est la preuve du pouvoir de la science et de ce que nous pouvons accomplir en combinant innovation, inventivité et détermination », a tweeté le président-élu démocrate. Un problème du système de contrôle de la température dans l’habitacle s’est produit, mais a été rapidement résolu. « C’était juste un petit problème de démarrage », a confirmé Kathy Lueders, cheffe des vols habités de la Nasa. 

À quand la Lune ?

Il a fallu neuf ans aux Américains pour certifier le successeur des navettes, mises à la retraite en 2011. La Nasa a choisi des partenariats public-privé. Un second appareil, Starliner, fabriqué par Boeing, a pris du retard et pourrait être opérationnel dans un an. La Nasa espère poursuivre la coopération avec la Russie. Elle a proposé des échanges de sièges, mais les négociations entre la Nasa et Roskosmos traînent. La réalité est que les liens entre Washington et Moscou dans le domaine spatial, l’un des rares où ils restaient bons, se distendent. Rompant avec plus de 20 ans de coopération sur l’ISS, la Russie ne participera pas à la prochaine mini-station voulue par la Nasa autour de la Lune, la Gateway.

Pour Artémis, ce programme américain de retour sur la Lune en 2024, la Nasa a signé des partenariats avec d’autres agences spatiales, dont le Japon et l’Europe, mais l’avenir n’est pas dégagé : elle n’a pas encore reçu du Congrès américain les dizaines de milliards de dollars nécessaires pour le finaliser. Et Joe Biden n’a pas repris à son compte l’objectif de 2024.