En archéologie, la datation au carbone 14 est utilisée sur les restes de matières organiques : bois, charbon, os etc. Jusqu’à présent, cette technique n’a jamais été appliquée au carbonate de plomb (ou cérusite à l’état naturel), un ingrédient pourtant largement utilisé comme pigment blanc dans la peinture et la cosmétique depuis l’Antiquité. C’est désormais chose faite. Une équipe du Laboratoire de mesure du carbone 14 (plateforme CEA/CNRS/IRD/IRSN/ministère de la culture), associé au musée du Louvre, a mis au point la première mesure du radiocarbone dans des carbonates de plomb (PbCO3). L’étude est parue le 28 juin 2018, dans la revue Communications Chemistry
L’expérience, réalisée sur des échantillons prélevés dans des pots à fard égyptiens et grecs de la Haute Antiquité, conservés au Louvre, confirme l’hypothèse avancée par les chimistes depuis une vingtaine d’années : les Égyptiens maîtrisaient déjà des techniques de synthèse chimique et les appliquaient à leurs cosmétiques. En effet, des produits cosmétiques comme les poudres de maquillage peuvent être différenciés par leur teneur en radiocarbone (carbone 14) selon qu’elles sont naturelles ou fabriquées. Sans trace de carbone lorsqu’elles sont d’origine minérale, les poudres en comportent lorsque leur élaboration s’est faite par voie chimique, du CO2 contemporain issu de la biosphère s’y incorporant lors de la préparation.

Outre la confirmation de l’expertise des anciens Égyptiens et des Grecs dans la fabrication de leurs cosmétiques, la détection du radiocarbone dans les carbonates de plomb est très prometteuse pour la datation et la connaissance d’objets patrimoniaux. C’est un outil particulièrement fiable, par exemple, pour dater le blanc de plomb, très présent dans les peintures de la Renaissance, et qui permettra ainsi leur authentification.