Dès 1897, dans son livre Le Suicide, Émile Durkheim relevait une corrélation entre hausse du taux de suicide et température élevée. Observée depuis, cette corrélation est toutefois indissociable d’autres facteurs comme le taux de chômage ou l’heure de coucher du Soleil.
Emmenée par l’économiste Marshall Burke, de l’université de Stanford, une équipe de chercheurs a réuni des séries historiques longues de plusieurs décennies : évolution des températures, d’une part, évolution du taux de suicide, d’autre part, grâce à des données récoltées par des milliers de comtés américains et de municipalités mexicaines. L'étude est parue dans la revue Nature Climate Change en date du 23 juillet.  
L’équipe a également analysé près de 500 millions de tweets pour mesurer l’impact des fortes températures sur le moral de la population et la mention de termes comme « seul », « piégé » et « suicidaire ». Cette analyse révèle un lien étroit entre fortes chaleurs, taux de suicide et utilisation d’un « langage dépressif » sur les réseaux sociaux. Cette corrélation est indépendante des différences sociales qui peuvent exister entre les différentes régions analysées.
En se basant sur ces données, les chercheurs estiment qu'en 2050, la hausse des températures pourrait entraîner une augmentation du taux de suicide de 1,4 % aux États-Unis et de 2,3 % au Mexique, des effets similaires à ceux d’une récession économique. Les chercheurs soulignent toutefois que la hausse des températures ne constitue pas en soi une motivation au suicide, mais participe à l’augmentation des risques de passage à l’acte.