Contrairement à leurs proies, les prédateurs des mers grandissent lentement depuis 540 millions d'années. C'est ce qu'a constaté, en étudiant des fossiles de coquillages, une équipe de chercheurs de l’université de Floride menée par Michal Kowalewski et Adiel Klompmaker. Leur étude est parue le 16 juin dans la revue Science.

Des « trous de forage » de plus en plus grands

Pour déterminer la relation de taille proie/prédateur, les chercheurs ont étudié l'évolution des « trous de forage » effectués par les animaux tels que les escargots, les limaces ou les pieuvres, afin de pénétrer le squelette protecteur des coquillages dont ils se nourrissent. Or le diamètre moyen de ces petits orifices est passé de 0,35 millimètre à 3,25 millimètre, ce qui montre la croissance significative de la taille des prédateurs. La taille des coquillages est, quant à elle, restée constante durant ce demi-milliard d’années.
Ce double phénomène est lié aux changements dans la structure des écosystèmes marins tout au long de cette période. La masse des tissus des mollusques, leur contenu nutritionnel et leur abondance ont en effet considérablement augmenté : leurs prédateurs, mieux nourris, ont grandi et pour satisfaire un appétit croissant, consommé toujours plus de coquillages. De leur côté, les proies sont devenues de plus en plus mobiles, développant de meilleures aptitudes de forage pour se dissimuler dans le sol. Leur petite taille constituant, pour se cacher, un avantage, les mollusques pourchassés ont continué à se montrer discrets. L'évolution des tailles respectives des prédateurs marins et de leurs proies constitue ainsi un bel exemple de coévolution.