La question qui vient à l’esprit devant le spectaculaire vol stationnaire d’un colibri est sans doute : comment fait-il ? Deux chercheurs du département de zoologie de l’université de Colombie-Britannique (UBC), au Canada, apportent des éléments de réponse dans une étude publiée le 8 décembre 2014 dans la revue PNAS. Ce serait en stabilisant l’image perçue par leur système rétinien que les colibris réussiraient à conserver une position constante durant leur vol. Pour aboutir à cette conclusion, Benjamin Goller et Douglas L. Altshuler ont eu l’idée de plonger des Calypte anna (colibris d’Anna) dans un environnement virtuel afin d’observer leur comportement en vol lorsqu’ils sont soumis à différents stimuli visuels.
Dans ce dispositif, l’oiseau est laissé en liberté dans un grand espace clos. Pour profiter de la seule ressource alimentaire à sa disposition, il doit faire du surplace dans les airs pour maintenir son bec dans le tuyau qui contient la substance nourrissante. Dans le même temps, un motif en noir et blanc est projeté sur un écran face à lui. Il peut s’agir d’une spirale ou de bâtons, soit verticaux, soit horizontaux. Chacun de ces dessins est diffusé de trois façons différentes : sans aucun mouvement, défilant dans un sens et dans l’autre.

En examinant les enregistrements vidéo obtenus, les auteurs de l’étude se sont rendu compte que quand les figures projetées sont fixes, l’oiseau reste stable. Par contre, dès que les images s’animent, l’animal bouge, pensant devoir rééquilibrer sa position. Même un mouvement infime entraîne une variation automatique de sa posture.
La perturbation la plus forte est observée dans le cas de la spirale. Quand celle-ci se met à tourner, paraissant se rapprocher, l’oiseau bascule sa tête en arrière, comme dans un réflexe d’évitement.

Pour les deux scientifiques, cette expérience démontre que c’est notamment en cherchant à stabiliser les mouvements perçus dans leur champ visuel que les colibris arrivent à se maintenir en vol à une position constante. Ce n’est probablement qu’un des nombreux paramètres expliquant cette étonnante aptitude. Douglas L. Altshuler a, par exemple, participé à une autre étude, publiée en juillet 2014 par la Royal Society, qui indique que les dimensions particulières des ailes de colibri jouent également un rôle dans leur capacité à faire du surplace dans les airs.