Dans l’estomac de l’homme des glaces...
En procédant à l’analyse génomique d’une bactérie présente dans l’estomac d’Ötzi, l’homme de 5 300 ans retrouvé dans les Alpes en 1991, les chercheurs peuvent non seulement mieux comprendre son état de santé, mais aussi les mouvements migratoires des dernières périodes préhistoriques.
Olivier Boulanger - Publié le
Souvenez-vous d’Ötzi, cet homme vieux de 5 300 ans retrouvé en 1991 entre l’Autriche et l’Italie à plus de 3 000 m d’altitude. Le corps momifié et les objets retrouvés à proximité ont déjà livré de nombreux renseignements sur cet homme et sur son époque. Mais une nouvelle étude publiée dans la revue Science vient compléter ce portrait déjà bien fourni.
Frank Maixner et ses collègues italiens ont en effet analysé le génome d’une bactérie, Helicopbacter pylori, retrouvé dans l’estomac d’Ötzi. Cette bactérie est notamment responsable des ulcères. Or, présente depuis si longtemps dans l’estomac des êtres humains, il est possible de suivre son évolution au fil des siècles. En analysant la souche présente dans les restes d’Ötzi, les chercheurs espèrent donc en savoir plus sur son état de santé, mais obtenir de précieux renseignements sur les mouvements migratoires des dernières périodes préhistoriques.
Premier point de cette étude publiée dans la revue Science, la bactérie isolée dans l’estomac d’Ötzi était virulente, ce qui laisse penser que l’homme était malade peu avant sa mort. La conservation des tissus ne permet de dire si l’homme des glaces avait un ulcère. On imagine, en tout cas, que ce n’est pas ce qui a entraîné sa mort : des pointes de flèches retrouvées dans son corps laissent en effet supposer qu’Ötzi a été assassiné.
Autre enseignement, la souche d’E. pylori retrouvée montre un niveau d’ascendance très élevé avec des souches indiennes préhistoriques ainsi que des souches européennes plus récentes. Elle montre en revanche peu d’ascendance avec des souches d’Afrique du Nord. Or, si l’on s’intéresse aux souches européennes modernes, l’ascendance avec ces souches africaines est beaucoup plus présente, ce qui laisse supposer que des migrations de l’Afrique vers l’Europe ont eu lieu, non pas avant Ötzi, mais plus tard dans la protohistoire. Sous réserve, bien entendu, qu’Ötzi soit représentatif des hommes qui vivaient il y a 5 300 ans en Europe.