La description habituelle du puma voulait que ce gros félin limitât ses contacts aux périodes de reproduction et à la défense de son territoire. Mais certains éléments turlupinaient les chercheurs. Les proies chassées par le puma, comme les wapitis ou les cerfs, sont souvent de grande taille, ce qui laisse supposer que la nourriture est partagée. En outre, la longévité de ces félins – dix à douze ans – multiplie les occasions de rencontres entre congénères.
Alors, solitaire ou sociable, le puma ? Pour en avoir le cœur net, une équipe de scientifiques de l’université de Californie et du Muséum d’histoire naturelle de New York a étudié le comportement de treize pumas du Wyoming, grâce à des traceurs GPS implantés sur ces animaux. L’équipe a également disposé des caméras pourvues de détecteurs de mouvement sur les sites d’alimentation. Elle a ensuite patiemment récolté des données et des images durant trois ans.

Avant de partager sa proie, le puma se montre agressif, comme le montre cet échange entre deux femelles. Mais la querelle passée, la table est partagée... Un phénomène qui contrarie l'image de prédateur solitaire de ce grand chat. © Mark Elbroch/Panthera
Rapporté dans Science Advances du 12 octobre, le résultat est tout à fait contraire à l’image mythique du puma, puisque cet animal peut tout à fait accepter qu’un congénère s’invite à dévorer une proie qu’il a tuée, y compris s’ils partagent un territoire. L’équipe de chercheurs a aussi observé que les vieux pumas étaient plus tolérants avec les leurs que les jeunes pumas, et que les femelles étaient moins agressives que les mâles. Cette étude, menée sur treize spécimens de puma, pourrait être élargie à d’autres espèces de carnivores réputés solitaires, comme l’ours brun, le carcajou ou le tigre.