Depuis sa découverte en 2003 sur une île indonésienne, l’Homme de Florès intrigue les paléoanthropologues. Souvent décrit comme un Hobbit en raison de sa petite taille – un mètre environ –, ce petit homme souffre-t-il de microcéphalie, ou bien est-il le représentant d’une nouvelle espèce humaine, Homo floresiensis ? Et dans ce cas, quels sont ses ancêtres : Homo habilis, un lointain parent africain de petite taille, ou bien Homo erectus, un Homo asiatique plus récent mais plus grand qu’Habilis ? De nouveaux éléments viennent appuyer cette dernière hypothèse.

Des ancêtres de l'Homme de Florès ?

Dans la revue Nature du 9 juin, deux articles font état de la découverte en 2014 de fossiles d’hominidés sur le site de Mata Menge, à 70 km de la grotte où les premiers ossements ont été découverts. Ces restes, très fragmentaires, consistent en une demi-mandibule droite appartenant à un adulte, et une demi-douzaine de dents, dont des dents de lait provenant de deux enfants. Ces fossiles étaient associés à des restes animaux, mais aussi à des outils primitifs. Or ces ossements – mais aussi les outils – rappellent ceux de l’Homme de Florès.


Des méthodes de datation radiométriques appliquées au sol environnant établissent que les fossiles sont âgés d’au moins 700 000 ans ; ce sont les plus vieilles traces d'hominidés retrouvées à ce jour sur l'île. Une énorme surprise puisque l’Homme de Florès découvert dans la grotte de Liang Bua en 2003 appartenait à un groupe ayant vécu entre 100 000 et 50 000 ans avant nous. Cette découverte donne donc à l’Homme de Florès une ancienneté qu’on ne soupçonnait pas, et qui exclut a priori l’hypothèse de la microcéphalie.

Un géant devenu petit

Ces nouveaux éléments livrent également quelques indices sur ses ancêtres : il pourrait s’agir d’Homo erectus dans la mesure où les dents retrouvées présentent une morphologie très proche. Une hypothèse d’autant plus vraisemblable qu’erectus était déjà présent en Asie à cette époque.

L’Homme de Florès serait donc issu d’un groupe d’Homo erectus dont l’isolement sur l’île de Florès aurait conduit à une diminution rapide de leur taille. Se pose alors un autre problème : les nouveaux fossiles découverts sont nettement plus petits que ceux de Liang Bua, ce qui signifie que la taille de cette espèce a sans doute varié au fil du temps en fonction des ressources alimentaires disponibles sur l’île.
De nouveaux fossiles seront néanmoins nécessaires pour conforter ces hypothèses. En attendant, cette découverte risque d’alimenter la controverse plutôt que d’y mettre un terme.