Extinction de masse en laboratoire
Il y a 252 millions d'années disparaissaient la quasi-totalité des espèces marines, les deux tiers des reptiles et des amphibiens, ainsi qu'une bonne partie de la flore. Une étude menée sur des pins apporte un nouvel éclairage sur les causes de la plus grande extinction de masse que la Terre ait connue.
Barbara Vignaux - Publié le
Plusieurs explications concourent à expliquer l’extinction massive qui s’est produite sur Terre il y a 252 millions d’années : un volcanisme gigantesque à l’échelle du globe, suivi de forts rejets de CO2 dans l’atmosphère, une forte expansion des micro-organismes, des impacts de météorites de grande taille… Dans ce contexte particulier, quel rôle l’affaiblissement de la couche d’ozone a-t-il pu avoir ? C'est la question à laquelle des chercheurs de l'université de Californie à Berkeley ont cherché à répondre grâce à une expérience rapportée dans Science Advances du 8 février 2017.
Deux mois durant, ils ont soumis des pins de petite taille (Pinus mugo) à des doses d’UV-B jusqu'à 13 fois supérieures à celles reçues sur Terre aujourd’hui. Une telle irradiation équivaudrait aux zones reçues par la flore durant les immenses éruptions volcaniques de la fin du Permien, et qui ont eu pour effet de réduire la couche d’ozone durant un million d’années environ.
Au terme de ces deux mois d’expérience, aucun pin n’était mort, mais toutes les pommes de pin, c'est-dire l'organe reproducteur de ces conifères, l’étaient. Les pins irradiés produisaient aussi du pollen malformé, comme il en a été observé dans les fossiles à partir de la fin du Permien. Placés à nouveau à l’extérieur, ces pins, en revanche, retrouvaient la capacité de produire des pommes de pin saines au cours des années suivantes.
Cette expérience contribue ainsi à expliquer la disparition d’une grande partie de la flore à la fin du Permien. À son tour, cet affaiblissement végétal pourrait expliquer en partie la disparition de la faune terrestre, privée de son alimentation.