Extinction des dinosaures : le froid prolongé en cause
Il y a 66 millions d’années, l’astéroïde géant Chicxulub tombait sur la Terre, entraînant l’extinction des dinosaures. En effectuant une simulation climatique, une équipe allemande vient de préciser par quels mécanismes.
Barbara Vignaux - Publié le
L’acte initial de la disparition des dinosaures a eu lieu il y a 66 millions d’années, avec la chute de l’astéroïde géant Chicxulub sur Terre, créant un énorme cratère toujours visible dans la péninsule du Yucatán, au Mexique. Que s’est-il passé ensuite précisément ? À l’Institut de recherche sur l’impact climatique de Potsdam (PIK), des scientifiques ont utilisé un modèle informatique capable de prendre en compte les données de l’atmosphère, de l’océan et de la glace de mer. Dans la revue Geophysical Research Letters en date du 17 janvier 2017, ils montrent que les gaz chargés en soufre sont les grands responsables des perturbations climatiques ayant suivi la chute de Chicxulub : en obscurcissant le ciel, ils ont provoqué un refroidissement de la température terrestre moyenne de 26 °C au moins ! Ainsi, aux tropiques, elle a chuté de 27 à 5 °C. Durant trois ans, la température annuelle du globe est restée globalement négative.
Leur simulation suit l’évolution du climat sur une période de 46 années consécutives, depuis 36 mois avant l'impact de Chicxulub jusqu’à 119 mois après. Résultat : il a fallu trente ans pour que l’impact climatique de l’événement soit résorbé. Autre conséquence, l'important brassage océanique entraîné par le brutal refroidissement de l’atmosphère terrestre : plus froides, les eaux de surface ont plongé dans les profondeurs, faisant remonter les couches enfouies. Ces dernières sont parvenues à la surface chargées de nutriments, provoquant des éclosions massives d’algues sans doute toxiques qui ont probablement eu raison de certaines espèces comme les ammonites, des mollusques céphalopodes.
Pour les chercheurs allemands, c’est donc le refroidissement à moyen terme qui serait responsable de l’extinction massive d’espèces à la fin du crétacé. « Cela montre la vulnérabilité de la vie sur Terre, concluent-ils. L’ironie de l’histoire, c’est qu’aujourd’hui la menace la plus immédiate n’est pas le refroidissement naturel, mais le réchauffement climatique provoqué par l’Homme ».