Forte augmentation de décès par cancer chez les femmes
Deux rapports alertent sur une forte progression du nombre de cancers et de décès chez les femmes d’ici à 2030, en particulier dans les pays les plus pauvres.
Véronique Marsollier - Publié le
À l’occasion du Congrès mondial contre le cancer qui se déroule du 31octobre au 3 novembre 2016 à Paris, deux rapports parus le 1er novembre 2016, l’un de la Société américaine du cancer en association avec la société allemande Merck KGaA, et l’autre publié dans la revue médicale The Lancet, annoncent une explosion du nombre de décès par cancer chez les femmes.
En 2012, on recensait 3,5 millions de décès chez les femmes dus à un cancer (sur 8,2 millions de morts en totalité). D’ici 2030, ce nombre devrait atteindre les 5,5 millions. Une augmentation de 57 % en moins de deux décennies, alerte l’American Cancer Society (ACS). En 2030, le nombre de femmes diagnostiquées avec un cancer du sein pourrait presque doubler pour atteindre 3,2 millions par an (contre 1,7 million actuellement) selon The Lancet, tandis que celui des femmes diagnostiquées avec un cancer du col de l’utérus devrait augmenter d’au moins 25 % (à plus de 700 000) d’ici 2030.
En cause, notamment : l’augmentation de la population mondiale et son vieillissement, aggravés par les facteurs de risques connus tels que « l’inactivité physique, une mauvaise alimentation, l’obésité, la procréation à un âge tardif », précise Sally Cowal de l’ACS et coauteur du rapport. La mise en place d’une prévention efficace contre le cancer, deuxième cause de mortalité chez les femmes après les maladies cardio-vasculaires, pourrait éviter plusieurs centaines de décès chaque année, rappelle l’ACS. Au cœur de ces mesures, la lutte contre le tabagisme, la vaccination et le dépistage qu’il faudrait amplifier et notamment de façon conséquente dans les pays en développement.
Inégalités extrêmes entre pays
Les deux rapports mettent l’accent sur l'importance des disparités entre pays. Neuf décès par cancer du col de l’utérus sur dix se produisent dans les pays en développement, souligne l’ACS. L’Afrique subsaharienne, l’Amérique centrale et du Sud, mais aussi l’Asie du Sud-Est et l’Europe de l’Est sont les plus touchées. Cependant, les diagnostics et les traitements sont souvent inaccessibles aux populations pauvres. Le rapport de l’ACS pointe d’ailleurs du doigt le manque de moyens matériels. Ainsi, les pays à revenus faibles et moyens concentrent 60 % des cas de cancers, mais ne possèdent que 32 % des appareils disponibles de radiothérapie.
De fortes inégalités en termes d’accès à la prévention, au dépistage précoce, à la vaccination et aux traitements sont donc mises en exergue dans les deux rapports. La survie à cinq ans après un diagnostic de cancer du sein est de 50 % environ pour des pays comme l’Afrique du Sud, la Mongolie et l’Inde, contre plus de 80 % dans 34 pays riches dont l’Australie, le Royaume-Uni, la France, l’Irlande, l’Allemagne et les États-Unis.
Pour corriger ces inégalités, il suffirait d'accroître les moyens dont disposent les pays les plus démunis. Par exemple, indiquent les auteurs du rapport paru dans The Lancet, « la vaccination systématique contre les papillomavirus (VPH) des filles dans les pays les plus pauvres au cours des quatre prochaines années pourrait prévenir 600 000 futurs décès par cancer du col de l’utérus », affirment-ils.