L’espèce Megaponera analis est aussi surnommée « fourmi Matabele » en référence à la tribu du même nom (réputée féroce). Lors des attaques contre les termites, certaines fourmis sont blessées, perdent une ou plusieurs pattes et se retrouvent handicapées. Heureusement, leurs congénères leur prêtent secours et les ramènent à la fourmilière. C’est ce que des chercheurs de l'université de Würzburg, en Allemagne, ont eu l’occasion de constater sur des colonies de fourmis dans le nord de la Côte d’Ivoire.
Cette attitude favorise non seulement l’individu blessé, mais aussi la colonie toute entière, montrent-ils dans un article paru dans la revue Science Advances du 12 avril 2017. En effet, ils ont observé que les fourmis secourues repartent presque toujours à l’assaut lors des assauts suivants, parfois moins d’une heure après avoir été blessées.

Une fourmi privée de deux pattes (entourée en rouge) est ramenée par des congénères à la fourmilière. ©Frank et al./Science Advances 2017 

Un pour tous... 

Pour aller plus loin, l'équipe scientifique a placé des fourmis blessées dans l’obligation de retourner seules à leur fourmilière : 32 % d’entre elles sont mortes en cours de route, le plus souvent dévorées par des araignées, mais aussi parfois d’épuisement. 

Quel avantage la colonie retire-t-elle de ce comportement altruiste ? Pour l’évaluer, les chercheurs ont élaboré un modèle mathématique simple. Le résultat en est éclairant : cette forme d’entraide permet de maintenir une colonie supérieure de plus de 28 % à une colonie dans laquelle les blessés seraient abandonnés à leur triste sort. Comme quoi, la solidarité paie !