Vents dépassant les 300 km/h, dégâts matériels colossaux, blessés, morts… la liste des ravages provoqués par l’ouragan Irma ne cesse de s’allonger. Classé en catégorie 5 (le maximum sur l’échelle de Saffir-Simpson), il a touché successivement plusieurs îles des Caraïbes – Antigua-et-Barbuda, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Anguilla et Porto Rico – et se dirige vers la côte est des États-Unis qu’il atteindra samedi soir. Cependant, face à l’ouragan le plus puissant jamais décrit dans cette zone depuis des décennies, des moyens sont mis en œuvre pour organiser l’aide aux populations. Ils prennent forme à travers la charte internationale « Espace et catastrophes majeures » cofondée en 2000 par le Cnes, l’Esa, l’Agence spatiale canadienne, rejointe au fil du temps par quatorze autres organismes de divers pays (Inde, Chine, Royaume-Uni, États-Unis, Japon, Corée du Sud, Brésil, Allemagne...). Son objectif : organiser les secours en contribuant à la localisation et la cartographie des zones touchées par une catastrophe, qu’elle soit d’origine dite naturelle ou humaine.

Pour cela, la « Charte » mobilise vingt-quatre satellites afin de capter des images sur toutes les zones requises par les utilisateurs ayant déclenché la procédure. Certains, comme les satellites radars, suivent l’évolution des inondations, alors que les satellites optiques identifient les dégâts. C’est la fonction des deux satellites jumeaux placés sur la même orbite, Pléiades 1A et 1 B, lancés en 2011. Leur système d’imagerie spatiale à très haute résolution – de 70 centimètres – les transforme en un œil particulièrement efficace en cas de séismes ou de catastrophes touchant les zones urbaines. Il est en effet crucial dans ces cas de pouvoir distinguer les routes coupées, les ponts détruits, les bâtiments écroulés ou encore les regroupements de populations.
 
Lorsque la demande d’aide faite par le pays est déclenchée, la Charte effectue alors une veille permanente, programme des prises de vues spécifiques et les fait parvenir aux personnes et services qui en ont besoin. Elle s’engage ainsi à fournir gratuitement, sous 48 heures, des données spatiales aux pays sinistrés leur permettant ainsi d’évaluer les dégâts et de savoir où et comment aider les populations. Capables de fournir des clichés de n’importe quel point du globe en moins de 24 heures, les premières images des satellites Pléiades pour l’ouragan Irma seront disponibles dès le 8 septembre. La Charte a déjà été activée trois fois à ce jour. Une première fois le 5 septembre en mi-journée, puis sur la République dominicaine le 5 septembre en soirée, et enfin sur la Floride le 6 septembre. Cette dernière activation est la 550ème depuis la création de la Charte en 2000 et la 33ème en 2017.