“Jeanne“

La Ville de Gonaïve (Haïti) sous les eaux après le passage de la tempête Jeanne Pour échapper aux inondations, les Haïtiens se réfugient sur les toits des bâtiments. © AFP

Les habitants des Caraïbes et du golfe du Mexique n’auront pas eu de répit. Depuis le début du mois d’août jusqu’à la fin du mois de septembre, ils ont subi le souffle destructeur de six cyclones.
Le 14 septembre, alors que le cyclone Ivan arrivait au niveau de la péninsule du Yucatan (Mexique), la tempête tropicale Jeanne (devenue par la suite un cyclone de catégorie 3), était déjà au large des Antilles françaises.

Face au cyclone Ivan, annoncé par le Centre américain de surveillance des ouragans comme le sixième cyclone le plus puissant observé ces dernières décennies dans l’Atlantique nord, la tempête tropicale Jeanne s’annonçait moins dévastatrice et moins meurtrière, mais c’était sans compter sur le caractère imprévisible des phénomènes météorologiques et la susceptibilité particulière d’une région (zones déboisées, habitations précaires…). De fortes rafales de vent et des pluies diluviennes se sont en effet abattues sur Porto Rico, la République Dominicaine, les Bahamas et Haïti. A Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, Jeanne a fait plus de 2400 morts dont 1200 dans la seule ville de Gonaïve (au nord d’Haïti).

Point de repère : l’échelle de Saffir-Simpson

De la même manière que l’échelle de Richter permet de classer les séismes selon leur intensité, l’échelle de Saffir-Simpson permet de classer les cyclones en fonction de la puissance des vents. Cette échelle est graduée de 1 à 5. Les cyclones de catégorie 1 ne causent que des dégâts modérés (quelques inondations, panneaux arrachés…), la vitesse des vents est comprise entre 119 Km/h et 153 Km/h. Les cyclones de catégorie 5 ont des conséquences catastrophiques humainement et matériellement ; les habitations, les routes et la végétation sont détruites par les inondations et par le vent qui dépasse 250 Km/h.

'Ivan', à l’heure du bilan

En quelques jours, le cyclone Ivan a semé la terreur dans l’Atlantique ouest. Après s’être abattu sur les îles caraïbéennes, Tobago, Haïti, la Jamaïque, Grenade (où le bilan humain et matériel a été le plus lourd avec 37 morts, des centaines de blessés et 90% des habitations détruites), Ivan a poursuivi sa course en passant à l’extrémité ouest de Cuba, au niveau du cap de San Antonio, où les vents ont atteint 260 Km/h, provoquant de nombreux dégâts matériels.

Le 16 septembre, le cyclone a atteint le sud-est des Etats-Unis. Le vent, soufflant à plus de 200 Km/h, a balayé la Floride, le Mississippi, l’Alabama et la Louisiane.

Un cyclone particulièrement puissant

Le cyclone Ivan vu par le satellite américain Terra 14 septembre 2004: Les météorologues suivent l’évolution et la trajectoire du cyclone Ivan. D'autres observations effectuées au cœur même du « géant » mesurent la pression, la vitesse des vents et la température. © Nasa

Avec des vents à 260 Km/h, pouvant parfois atteindre 310 Km/h, des vagues de plus de six mètres de haut, des pluies diluviennes qui provoquent des inondations et des coulées de boue, Ivan fait partie des cyclones de niveau 5, les plus puissants sur l’échelle de Saffir-Simpson. Cette énorme masse nuageuse, d’un diamètre de 600 kilomètres, se déplace à environ 15 Km/h.

L’œil du cyclone s’étend quant à lui sur 40 kilomètres. Dans cette zone, la pression est très basse (912 hectopascals), le ciel est dégagé et le vent modéré.

Ivan est l’un des cyclones les plus puissants qu’ait connu la région depuis plus d’une décennie.

Frederic Nathan, prévisionniste à Météo France Le cyclone Ivan préfigure-t-il des saisons cycloniques plus intenses qu'aujourd'hui? © CSI

« Il est très difficile de prévoir si,
d'ici la fin du siècle, il y aura plus ou moins
de cyclones qu'à l'heure actuelle ... »

Fonctionnement des cyclones Les cyclones naissent dans les régions tropicales, au-dessus des océans, lorsque la mer s’est réchauffée durant l’été. Il faut que la température de l’eau soit au minimum de 26°C sur une tranche d’eau de 50 mètres d’épaisseur. L’évaporation de l’eau permet la formation d’air chaud et humide qui s’élève dans l’atmosphère. Avec la rotation de la terre les masses d’air sont déviées vers la droite dans l’hémisphère Nord et vers la gauche dans l’hémisphère Sud (force de Coriolis), ce qui provoque un mouvement circulaire. Toutefois, la température de l’eau n’est pas le seul élément qui conditionne la genèse des cyclones. En effet, il faut également des conditions atmosphériques favorables à la formation des orages (humidité et différentiel de température important avec l’altitude) et une absence de cisaillement vertical du vent (le vent doit être à peu près uniforme en direction et en force selon l’altitude). © Météo France

Cette région de l’Atlantique n’en est pas à son premier cyclone de la saison. Depuis le mois d’août, elle a déjà subi les assauts dévastateurs des cyclones Alex (cyclone de catégorie 3), Charley (catégorie 4), Danielle (catégorie 2), Frances (catégorie 4) et Ivan, faisant à chaque fois des dizaines de morts, des milliers de blessés et des dégâts estimés à plusieurs milliards de dollars.