La lèpre toujours présente en Grande Bretagne
Des biologistes ont identifié en Grande-Bretagne un réservoir de la lèpre pour le moins inattendu : les écureuils roux sont toujours porteurs des bactéries responsables de la maladie qui sévissait au Moyen-âge.
Olivier Boulanger - Publié le
La lèpre, une maladie appartenant au passé ? C'est une idée reçue très répandue, et pourtant, avec 220 000 nouveaux cas rapportés chaque année, elle demeure un problème de santé publique dans de nombreux pays du Sud, mais pas seulement : alors que l’Europe continentale semble épargnée, la maladie vient d’être identifiée en Grande-Bretagne… chez des écureuils roux. Les biologistes à l’origine de la découverte ont publié leurs résultats dans la revue Science du 11 novembre 2016.
Comme les scientifiques ont toujours échoué à cultiver sur des animaux les bactéries responsables de cette maladie très invalidante, on pensait jusqu'à présent que la lèpre ne se transmettait que d’être humain à être humain. Or, en étudiant plus d’une centaine de cadavres d’écureuils roux retrouvés dans les îles britanniques, des biologistes ont identifié plusieurs dizaines d’animaux porteurs de la lèpre, notamment en Écosse, en Irlande, et dans le sud de l’Angleterre.
Ceux retrouvés sur l’île de Brownsea, dans le sud du pays, ont été infectés par la bactérie Mycobacterium leprae, le plus ancien pathogène associé à la maladie. C'est une découverte tout à fait inattendue pour les chercheurs, car la lèpre a été éradiquée des îles britanniques il y a plusieurs siècles : un agent pathogène peut donc persister dans l’environnement longtemps après son élimination du réservoir humain. Certains des écureuils étudiés abritaient aussi Mycobacterium lepromatosis, une autre forme de lèpre identifiée très récemment, en 2008.
L’analyse génétique des souches incriminées montre qu’elles sont proches de celles responsables des grandes épidémies qu’a connues l’Europe au Moyen-Âge. Les écureuils constituent donc un réservoir solide pour la maladie, mais par chance, les chercheurs soulignent que les risques de transmission à l’Homme sont très faibles.